samedi 22 juillet 2017

(mini) Test de Harvest Moon : le village de l'arbre céleste [Nintendo 3DS]

Disponible depuis le 1er juin 2017, Harvest Moon : Le village de l'arbre céleste vaut-il le coup (d'œil, de stylet, de cœur..) ? Oui, non, bof, si, mais ça dépend. Mini explications ci-dessous.

Ce Harvest Moon est, comme le veut la tradition, un jeu de simulation de vie à la ferme assez complet, et même très très complet : on cultive des fruits et légumes, on élève du bétail et d'autres animaux et on utilise leur laine, leur lait ou leurs œufs, on pêche, on cueille, on cuisine, on papote avec les voisins et plus si affinités (l'amour est dans le pré carré), on fait ami ami avec les animaux sauvages, on bûcheronne, on casse des cailloux (génial !, et puis les enfants adorent ça), on exploite des mines alentours, et on creuse, on remplit, on creuse, on remplit, on creuse, on remplit.. car on peut modifier le terrain qui nous a été confié par la Déesse des récoltes (une meuf très sympa aux cheveux bleus). 

Et là tout de suite, sans transition, j'ai envie de vous dire que je me demande un peu à quel public s'adresse ce jeu vidéo : l'histoire principale (car il y en a une, et oui) et les personnages sont plus qu'enfantins (pour ne pas dire simplets), mais la prise en main du jeu est très exigeante, et surtout très poussive pour un enfant : pour terraformer (modifier le terrain) par exemple, on ne peut modifier qu'un carré par carré pendant une longue phase de jeu, et il faut aussi être placé sur le carré voisin, et environ au même niveau. Autrement dit terraformer est vraiment long et pénible. 
Mais il n'y a pas que ça. De nombreux bugs ou défauts laissent présager que Harvest Moon : Le village de l'arbre céleste ne sera pas une expérience agréable pour un enfant, surtout s'il est novice dans ce type de jeu. Ce n'est pas que le jeu soit trop complexe (les enfants ont parait-il un cerveau et seraient même tout à fait capables de l'utiliser pour des opérations cognitives et intellectuelles élaborées ; d'ailleurs il serait bon de le rappeler aux éditeurs de jeux vidéo), il est juste bourré de défauts qui pourraient facilement le décourager ou entraver sa progression.

Revenons-en au jeu et à ses défauts, justement. Pêle-mêle, on peut citer :

* Jouabilité : achievement locked
La jouabilité est assez mauvaise ; le jeu exige une précision parfaitement inutile (on n'est pas dans un FPS..), et parfois à deux pixels près on ne peut plus interagir. On se retrouve à courir en tous sens en appuyant frénétiquement sur le bouton A pour lancer une discussion avec un voisin (et ce ne sont pas des manières, voyons !), ou galérer comme c'est pas permis pour réussir un banal saut.

* Bouge de là
Le déplacement aléatoire des animaux sauvages, de nos animaux de ferme et des personnages est digne des pires déplacements de PNJ de Skyrim. C'est insupportable. On se retrouve bêtement coincés dans la grange car la vache, la vendeuse d'animaux et son fils ont apparemment comploté durant la nuit pour nous séquestrer. Dans le restaurant de la ville, c'est une table et la fille du cuisinier qui ont œuvré pour m'empêcher de rejoindre la sortie, alors qu'il y avait pourtant la place de passer : mais l'intelligence artificielle est fourbe, ou un peu psychorigide, et en avait décidé tout autrement. Et en pleine exploration, c'est un petit lapin qui aura décidé de squatter l'UNIQUE carré sur lequel vous pouvez aller pour poursuivre votre chemin.


* Terraformer, progrès social ou torture moderne ?
Comme je le précisais plus haut, terraformer est une torture. On travaille carré par carré pendant très longtemps (puis par trois carrés, puis neuf), tout en veillant à le faire depuis un carré voisin qui soit au même niveau ou presque. Travailler sur de grandes surfaces demande donc de l'ingéniosité (car pour atteindre une zone en hauteur ou en profondeur, il vous faudra parfois au préalable emprunter des chemins tortueux ou les créer vous-même) mais aussi beaucoup de temps, les travaux pouvant s'étaler sur plusieurs jours voire semaines.
MAIS.
Justement le temps passe, et chaque jour apporte son lot de rochers générés aléatoirement sur le terrain. Et parfois le hasard est un gros, gros, gros connard (si, il faut le dire, le peuple doit savoir) qui pose un rocher pile au mauvais endroit, bloquant toute perspective de travaux ou presque : il faudra alors crapahuter en faisant un long détour, ou creuser / remplir une zone qu'on venait justement de finir uniquement pour pouvoir rejoindre ce rocher scélérat et l'exploser à coup de marteau pour lui apprendre le respect des travailleurs de la terre.
Bref, terraformer n'est pas un long fleuve tranquille, surtout quand le hasard s'en mêle (trop).

* Quêtes : tout ou rien
Ça peut paraitre anodin, mais.. mais moi ça m'énerve : on ne peut pas remplir les quêtes au fur et à mesure, mais en une seule fois. Exemple : une voisine a un besoin urgent et irrépressible de tulipes et de tomates. Vous avez quelques tomates sur vous, vous aimeriez les lui donner en vous exclamant "C'est toujours ça de pris Ginette, je te ramène le reste plus tard !" Et bien non ! Ginette s'en fout, Ginette veut dix tulipes et six tomates, elle ne veut pas de vos quatre pauv' tomates qui trainaient dans vos poches depuis trois semaines (elle a peut-être raison Ginette, finalement).


* Quêtes-bis : un jour, peut-être
Les quêtes annexes sont semble-t-il aléatoires et donc pas liées à notre progression dans l'histoire principale, résultat : un habitant peut vous demander une ressource (minerai, bois dur..) que vous n'êtes pas encore en mesure d'obtenir. Pire : on ne peut pas refuser les quêtes, ni les annuler ensuite. Alors certes, les quêtes ne sont pas limitées dans le temps ; et c'est tant mieux !, car il faudra de la patience à vos voisins pour obtenir, un jour peut-être !, ce qu'ils vous ont demandé.

* Lost in the champs
La partie purement "didacticiel" est bonne : on comprend vite comment manier la pelle ou nourrir ses bêtes. Mais la progression dans le jeu est en revanche très mal accompagnée. Si, pour reprendre l'exemple précédent, un habitant vous demande une ressource que vous ne pouvez pas encore obtenir, rien ne vous l'indiquera. Si on vous demande du matériau de verre alors que vous n'avez pas encore découvert l'existence de mines ou que vous n'avez pas encore de marteau pour extraire les minerais, votre salut ne sera pas dans l'aide du jeu mais sur un topic de forum. Et si j'apprécie l'aspect communautaire et solidaire du jeu vidéo, qui nous mène à dialoguer avec nos pairs pour trouver des "soluces", je n'apprécie pas en revanche qu'on y soit contraints pour tout et rien.

* La Fête des Voisins ? Je peux pas, j'ai aqua-poney
Le site officiel de Harvest Moon : Le village de l'arbre céleste mentionne "de nouveaux habitants, chacun possédant sa personnalité et ses excentricités". C'est vite dit. Par "chacun possédant sa personnalité" il faut en réalité comprendre "chacun possédant un trouble de la personnalité" (et malheureusement aucun psy ne s'installera dans votre champêtre et dysfonctionnelle bourgade) tant les traits de caractère sont forcés, le tout sans aucun charme ni humour efficace (je suis pourtant très bonne cliente de l'humour à hauteur de pâquerette ou de dahlia rose). Quant à leurs "excentricités" on en aura vite fait le tour : les phrases aléatoires durant les conversations sont peu nombreuses et reviennent donc régulièrement, ce qui ne motivera pas vraiment le joueur à interagir avec les habitants.

Mini-test, mini-conclusion
Harvest Moon : Le village de l'arbre céleste est loin d'être parfait et a de nombreux défauts, mais si on aime les Harvest Moon ou globalement les jeux de simulation de vie à la ferme, il serait dommage de passer à côté. Il y a une foultitude de choses à faire, et même si les quêtes ne sont pas passionnantes la durée de vie du jeu est excellente et l'univers suffisamment joli et agréable pour nous donner envie d'allumer la console.