dimanche 21 avril 2013

Sexisme chez les geeks : pourquoi le dossier de Mar_Lard est malade et comment y remédier

PRÉAMBULE

Le dossier de Mar_Lard, tout le monde en parle ; alors parlons-en, différemment.
Ce dossier me choque à plusieurs niveaux :
* en tant que "geek", si tant est qu'on puisse donner une définition précise à ce mot ;
* en tant qu'antisexiste et féministe, car il réduit les hommes au statut d'emmerdeurs / lâches / complices / agresseurs et se complait à considérer les femmes comme des victimes ;
* en tant que citoyenne, lorsque j'ai constaté - non sans effroi - que ce dossier était le plus souvent repris en bloc dans les médias, sans discernement ni recul ; le pouvoir magique des bonnes causes...

Pour ceux qui n'auraient pas le courage d'aller au-delà du préambule (petits joueurs), ce que je reproche globalement au dossier de Mar_Lard, et je ne suis pas la seule, c'est la généralisation et le manque de méthode :
elle prend plusieurs exemples, parmi, comme elle dit (rappelle parfois...) les pires "noyaux durs" de cons et de sexistes misogynes du web, mélange ça avec des propos sur les développeurs et le marketing (qui est un tout autre degré de constat / d'analyse), rajoute des exemples de femmes harcelées voire agressées publiquement par des joueurs, et même d'autres exemples encore qui n'ont rien à voir avec les geeks ou les jeux vidéo (du style un exhibitionniste se masturbant dans la rue), évoque au passage les personnages de Comics (oui, on avait remarqué qu'ils-elles avaient des physiques peu vraisemblables, c'est même fait exprès #scoop), passe tout ça au shaker,
et hop : « Sexisme chez les geeks : Pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier ».
Et même si le but est "noble" (dénoncer le sexisme, qui sévit partout - y compris chez les "geeks", mais pas que), la méthode est aussi peu rigoureuse que celle utilisée dans les nombreux dossiers et articles accusant tour à tour les jeux vidéo, les jouets, la télé, la littérature, ou le cinéma de tous les maux de la société, la violence en tête de liste.

Et on ne peut que regretter - enfin pas tous manifestement, mais d'autres et moi-même le regrettons - que parmi la foultitude de bons dossiers, d'articles, de spécialistes, de militants, de bénévoles dans des associations, de blogueurs qui composent la lutte féministe et antisexiste, les médias aient choisi de relayer un dossier "si mal fagoté". Une fois de plus, ils n'ont été attirés que par l'odeur du buzz, au détriment d'une véritable analyse et de vraies informations (qui commencent par ne pas faire, ou laisser supposer, de généralisations outrancières).
Ce qui a intéressé les médias, et les internautes, ce n'est pas le sexisme - mais le sexisme dans les jeux vidéo/chez les geeks. Or, le sexisme chez les "geeks" ou chez les joueurs de jeux vidéo n'a rien de spécifique ; il n'est pas plus spécifique qu'ailleurs.

Au lieu d'avoir un dossier objectif intitulé par exemple :
« Sexisme : exemples de ses diverses manifestations dans le milieu geek »,
on a :
« Sexisme chez les geeks : Pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier ».
Admettons que la démarche est bien différente. Et critiquable.
Tout comme la cause défendue, elle, est louable.
L'un n'empêche pas l'autre.

Enfin, il y a d'autres choses qui me dérangent beaucoup, notamment la position victimiste et sexiste du dossier ; en gros, les hommes sont des salauds, les femmes leurs victimes : elles "abandonnent" les communautés de joueurs / hackers / rôlistes à cause du sexisme ambiant, fuient devant les moqueries, les questions indiscrètes, les provocations ou les insultes, ou deviennent / font semblant d'être misogynes pour se fondre dans le décor et se faire accepter "des mâles". 
Diantre, faut-il que nos princesses soient fragiles ! Xena soit louée, toutes les femmes ne réagissent pas ainsi, sinon elles déserteraient aussi leur poste de travail, les rues, les bars, les cinémas, les parcs publics, les supermarchés, les plages, et partiraient vivre dans une grotte pour fuir les hommes ou ne plus subir le sexisme ambiant ; car le sexisme ne sévit évidemment pas que chez les "geeks" mais dans le monde. Entier.
Pourtant, la plupart des femmes ne vivent pas dans une grotte (ni en haut d'un donjon, mais non).
Je ne vis pas dans une grotte. Je vis dans le monde réel ; et lorsqu'on m'agresse, je me défends. Et je suis pas la seule femme dans ce cas - ouf. Nous reprochera-t-on d'être forte ? La faiblesse serait-elle devenue une vertu à défendre ?
Forte, oui je le suis. Égoïste, aussi et c'est heureux : je m'aime suffisamment pour avoir appris à me défendre efficacement, au lieu de me complaire dans le statut de victime qui m'était tout tracé.

Navrée si d'autres, femmes comme hommes, sont moins bien armés face à l'adversité qu'une nana en fauteuil roulant, atteinte d'une maladie génétique rare - la maladie des os de verre, ayant grandi entre l'hôpital et une famille de paysans immigrés analphabètes, famille dans laquelle l'alcoolisme et les violences (de toutes sortes) n'étaient pas que des statistiques au journal télévisé.
Navrée si, dans ces conditions, j'ai tout de même réussi à avoir un an d'avance sur les autres élèves, dès le CP, et à conserver cette année d'avance - malgré de nombreuses hospitalisations et interventions chirurgicales - durant toute ma scolarité jusqu'au Bac, que j'ai eu, réussissant ainsi mieux que des élèves ayant grandi dans des environnements sociologiquement plus propices que le mien.
(ce qui ne plaide pas en faveur d'un déterminisme social / genré / culturel, n'en déplaise à certains et certaines)
Navrée si j'ai poursuivi ma route en faisant le choix des études supérieures à l'université au lieu de choisir comme tant d'autres handicapés (et valides, hein) une filière courte type BTS (les handicapés et le secteur tertiaire, une grande histoire de mariage forcé d'amour), certes plus porteuse sur le marché de l'emploi mais bien moins stimulante (surtout sur le plan intellectuel et militant). Je suis la première de la famille à avoir foutu les pieds (oui, bon, les roues) dans une fac, pour y faire des études de Droit puis de Psychologie. Maitrise de psychopathologie, et j'ai choisi judicieusement durant mes études plusieurs options bien utiles pour comprendre la société : psychologie sociale, psychologie des groupes / foules / organisations, approches systémiques, psy cognitive, etc.

Tout ça pour dire que ce n'est pas parce que je m'appelle "La Bonne Fée",
que mon avatar est un ours en tutu rose,
que je fais beaucoup d'interventions sur le ton de l'humour,
et que mon texte est rempli de smileys,
que ce que je dis est dénué de tout fondement.

Je n'ai pas de leçons à recevoir sur le sexisme et ses manifestations, sur la violence qui s'exerce à l'encontre des femmes, des LGBT, des précaires / chômeurs, sans-pap', patients d'hôpitaux, détenus, séropositifs, etc. Je milite depuis 1997, ai siégé au Conseil d'Administration de mon université ainsi que dans différents comités et conseils, ai été vice-présidente d'une asso LGBT, secrétaire de syndicats départementaux et régionaux, ai organisé des conférences / groupes de travail ou y ai participé, et je ne compte plus le nombre de réunions, assemblées générales, grèves, occupations, manifs, blocages, charges de CRS et gaz lacrymos que je me suis coltinée.

Et tout ça en étant une faible femme en fauteuil roulant victime de sa condition et du patriarcat, je vous le rappelle.

Alors oui : quand j'entends des meufs, ou des mecs, se plaindre de ci ou de ça, se plaindre d'avoir peur d'une « bande de mecs rigolards » ou de commentaires sur un écran de PC, défaillir à la vue du sang, paniquer devant une souris, une grenouille ou un chien, ne pas savoir faire face à un conflit, perdre tous leurs moyens dès que quelqu'un se moque d'eux, ou fuir / abandonner / se poser en victime face à la moindre adversité - fusse-t-elle sexiste ou d'un autre niveau, ce dont le dossier de Mar_Lard est rempli, oui bordel ça m'énerve. Vous n'imaginez pas à quel point.

L'invocation récurrente du « modèle de l'homme blanc cis-hétéro » comme unique incarnation du patriarcat m'irrite également.
(par curiosité, j'aimerais d'ailleurs savoir combien de journalistes qui ont repris, ou laissé dire, cette expression connaissaient la signification de "cis-"...)

Quant aux lignes qui vont suivre, mes "vannes" ou remarques au coup par coup (tour par tour ?) sur les phrases du dossier de Mar_Lard, seront parfois volontairement exagérées ; c'est pour mieux mettre en évidence l'exagération dont fait trop preuve à mon goût (pourtant suis plutôt friande) Mar_Lard dans son dossier.

Enfin, je rappelle que le féminisme n'est pas d'un bloc monolithique et consensuel ; il existe de nombreux courants féministes, des féminismes, des féministes, qui peuvent s'opposer violemment : tout n'y est pas tout rose (huhu), et le féminisme se compose aussi de nombreuses dérives (voir ici - traduction en français, et voir là aussi). On peut donc tout à fait être féministe et ne pas être en accord avec le dossier de Mar_Lard, ce qui est mon cas.



LE DOSSIER SEXISME CHEZ LES GEEKS

« Sexisme chez les geeks : Pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier »
Accessoirement, je vous le dis comme ça, histoire que vous ne tombiez pas de l'arbre le jour où Mar_Lard, ou un-e autre, se penchera sur le sujet :
la "communauté geek", si tant est qu'elle existe, est aussi : raciste, xénophobe, homophobe, beauf, élitiste, kikoo-lol-langage-texto-mdr, et, tenez-vous bien : y'en a même qui votent à Droite (nan mé le truc de dingue quoi).

Faudra-t-il un dossier pour chaque cas de figure, ou pouvons-nous en conclure que les geeks sont des gens environ COMME TOUT LE MONDE, ni pires ni meilleurs ?
Et faut-il transmettre l'info aux rédacs de presse par email, fax, ou hiboux ?



Revenons-en à l'article de Mar_Lard.
On peut difficilement faire plus stigmatisant dès le titre, remember : « Sexisme chez les geeks : Pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier ». Attardons-nous un court instant pour admirer le champ lexical employé : maladie, et remède (miracle ?). Le nettoyage des banlieues au Kärcher de Sarkozy nous manquerait presque.
Fort heureusement, on enchaine avec une fabuleuse propagande au doux parfum maoïste ; nostalgeeks, ne retenez pas vos larmes :
« D’une part, j’ai reçu de nombreux messages d’approbation mais surtout, et c’était très surprenant, de gratitude : certains sont allés jusqu’à m’écrire de longs mails pour m’exprimer leur joie de voir le problème ainsi mis en mots (...) Certains me racontent la prise de conscience subite d’un problème qui jusque là ne les affectait pas personnellement. »
Mao, sort de ce corps !



Dans ce passage du dossier de Mar_Lard, idem, rien de stigmatisant ni de cliché ou exagéré :
« La glorification de l’immaturité ne poserait pas tellement problème en soi si elle ne transformait pas des hommes trentenaires en perpétuels ados couillus et paillards, obsédés par les nichons mais terrifiés à l’idée qu’une femme infiltre leur petit boy’s club. »


Elle va même jusqu'à prétendre (espérer) devenir LA référence de la lutte contre le sexisme chez les "geeks" :
« Même si rien dans cet article ne vous a convaincu, si d’ici quelques temps vous vous trouvez dans une situation qui vous fait penser « tiens, ça plairait pas à l’autre chienne de garde hystérique, ça », vous aurez identifié le sexisme; c’est un premier pas. »
Identifié ? Non, personnifié. En ça elle a d'ailleurs reçu le soutien sans borne des médias (à part, environ, Canard PC ou Arrêt sur images), c'est dire si "le débat" est tombé bien bas.



Elle ne se gratte pas pour transformer en victime l'ensemble de la population geek féminine :
« C’est ça ou risquer, à l’usure, d’être dégoûtée à jamais de la communauté qui pourtant partage nos centres d’intêrets. C’est un risque très réel : les tweets de Miranda en témoignent. »
On ne plaisante pas avec le risque très réel de dégoûter quelqu'un d'une communauté ! C'est super grave. Hé ben...



Et c'est pas fini (le victimisme, c'est une grosse partie du dossier) : faisons un bref détour par ce communiqué public de Mar_Lard, expliquant les raisons pour lesquelles elle a refusé l'invitation de Gameblog à venir s'exprimer sur le sexisme :
« pour le dire crûment j'aurai un peu peur de me retrouver isolée face à un groupe de mecs rigolards "Bah, c'est quoi le problème avec les babes ? Moi j'aime bien."  »
Un groupe de mecs... rigolards ?
Fichtre, j'en tremble d'effroi.



Et puis c'te tournure de phrase "j'aurais un peu peur de me retrouver isolée face à un groupe de mecs".
Face à un groupe d'alligators, j'avoue : moi non plus je ferais pas la fière.
Mais face à un groupe de mecs ? C'est quoi le problème ? Ils sont cannibales à Gameblog ? Ils pourraient ne pas réussir à réprimer leurs instincts de prédateurs sexuels face à une proie isolée ?

Non parce que c'est ça le problème, en gros.
Elle ne voit pas un groupe d'individus dont elle pourrait faire partie puisque - oh ben tiens ça alors, ils ont un point commun : ce sont des êtres humains !, et qui ont aussi un loisir en commun, le jeu vidéo, ça tombe bien. Non non. Elle voit : d'un côté un groupe de mecs, et de l'autre : elle, une femme isolée potentiellement en danger.

Et potentiellement en danger dans les locaux de Gameblog, hein. Je veux bien qu'ils ne soient pas toujours très fins, mais de là à agresser Mar_Lard en pleine émission - et ainsi lui donner raison, un comble, huhu - je ne crois pas non.
Et puis avoir peur de "mecs rigolards"... non mais faut arrêter les délires.



Retour sur le texte de l'article :
« Comme énormément d’autres joueuses, j’ai abandonné l’idée de jouer au micro en salon public : multi entre amis, seulement, ou jeu solo. C’est ça ou bien harcèlement, propositions obscènes par la dizaine, blagues lourdingues mille fois entendues, « Ouah, une fille ! »… Adieu les MMO, aussi (...)
Mon genre sans cesse remis sur la table alors que je venais parler programmation. J’ai arrêté d’y aller. Une femme de moins chez les programmeurs, retour à l’homogénéité masculine (...)
En moins de deux heures, des dizaines de propositions obscènes, en privé ou sur le chat public, ainsi que d’innombrables commentaires totalement décomplexés sur mon physique. Je n’y suis pas retournée. Une femme de moins chez les hacktivistes, retour à l’homogénéité masculine (...)
En cas de protestation : « ce n’est qu’un jeu », « il joue comme il veut », « c’est réaliste ». Le petit plaisir du pervers plus important que notre capacité à profiter du jeu en paix. Écœurée, on lâche l’affaire : une femme de moins chez les rôlistes, retour à l’homogénéité masculine (...)
Tout en sachant que quoi vous fassiez, vous ne serez JAMAIS assez bien – il y aura TOUJOURS des connards prêts à tout pour vous exclure sous n’importe quel prétexte. »

...
...
Pourvu que Mar_Lard ne se rende jamais compte qu'il y a aussi des cons AILLEURS que chez les gamers et partout sur la planète, elle risque de pas s'en remettre o_O
(hey, déconnez pas : ne lui dites JAMAIS que l'élection de Mitterrand en 81 c'était grâce aux voix du RPR, vous risqueriez de l'achever. La vérité sur le Père-Noël pareil, chut hein)

Et ces filles mises à l'écart, a-t-on la certitude qu'elles ne le sont QUE en fonction de leur sexe ? Une gameuse ne peut-elle pas se faire envoyer paitre vertement parce qu'elle serait super emmerdante, éventuellement ? Non bien sûr. Quand une nana se fait jeter de plusieurs communautés - ou les quitte, sous la torture la pression - c'est du sexisme. Ça ne peut être analysé que comme ça, telle est la loi. C'est même une vérité universelle.
Par exemple, les handicapés perpétuellement célibataires ou en misère sexuelle ne le sont QUE parce qu'ils sont handicapés, JAMAIS parce qu'ils pourraient être cons, insupportables ou idiots.
Les filles c'est pareil. Si certaines se font jeter, ça NE PEUT PAS être pour de bonnes raisons, c'est UNIQUEMENT en raison de leur sexe bien sûr. Car elles sont toutes intelligentes et merveilleuses en tous points.




Mais ce serait réducteur de penser que Mar_Lard considère toutes les femmes comme foncièrement irréprochables, et les pose en éternelles victimes :
« Visiblement on ne subit pas assez le harcèlement sexuel dans la réalité, il faut qu’on y ait droit même lors de nos escapades fictives, assorti des blagues grivoises des autres joueurs (...) Voilà donc où on en est, en tant que communauté. Harcèlement, sexisme, exclusion et silenciation massive de celles qui prennent la parole. (...) Ça ne vous dérange pas que les connards se sentent chez eux tandis que leurs victimes sont dégoûtées et exclues ? »
(les femmes c'est des victimes, ça se défend pas, point ; face à l'injustice et l'adversité, la femme est non pas combattive - beurk, un truc de mec - mais "dégoûtée et exclue". Elle quitte la méchante communauté de gamers MMO qu'elle venait d'intégrer, abandonne, rend les armes, jette ses Creeper Cards l'oeil mouillé, la morve au nez, et lit les articles de Mar_Lard pour se sentir comprise et soutenue. Faute de quoi, elle pourrait se pendre à l'aide de son clavier. S'il n'était pas sans fil.)



Ben oui, ce serait réducteur. Car d'après Mar_Lard, après les femmes irréprochables et les victimes, il y a une troisième catégorie de geekettes : les traitres.
« Beaucoup de femmes tentent de mériter leur entrée dans le petit club fermé en jouant le jeu de la misogynie : « Je suis pas comme toutes ces salopes moi, je suis l’un de vous, les mecs ! ». Et tentent de donner le change de toutes leur forces, de se plier à toutes les exigences dans l’espoir d’être acceptées dans le cercle masculin… »
On a tous et toutes croisé nombre de fois cette situation !, où une gameuse s'exclame « Je suis pas comme toutes ces salopes moi, je suis l’un de vous, les mecs ! » o__O
D'ailleurs, Mar_Lard :
« Je l’ai fait, aussi. Jusqu’à ce que je comprenne que ce n’était qu’un miroir aux alouettes. »
Ah oué, quand mayyyme O.O



Mais les généralités à partir d'UN exemple, c'est un peu "la Mar_Lard touch" - c'est pour ça qu'on l'aime :
« Les hôtesses…Je me souviens avoir lu au moins un témoignage de babe qui racontait comment elle devait régulièrement se badigeonner les épaules de déodorant, à force d’aisselles suantes passées autour » 
"AU MOINS UN témoignage". J'adore ^_^
Dans le même genre :
« Cet insupportable snobisme geek touche tout le monde, mais comme par hasard plus particulièrement les femmes… »
Ça touche tout le monde, mais surtout quelqu'un.
Ça me rappelle le sketch de Coluche : « En Normandie il pleut un petit peu, mais en France il pleut partout un petit peu ! En Normandie il pleut un petit peu partout.... bon. » 



On continue :
« Ah, elle est belle, la culture inclusive 2.0…la culture geek qui se veut accueillante pour les exclus de tout poil (...) Pourquoi un tel décalage entre la réalité et l’image que ces communautés ont d’elles-mêmes – libérées, égalitaires, ouvertes à tous les exclus ? »
Elle confond pas avec SOS Amitié ?
Le Secours Populaire ?
Certaines communautés hippies peut-être ?


« (à condition de te conformer au modèle du geek blanc mâle cis-hétéro vaguement cynique) »
Ça commence à bien faire. C'est QUOI le problème avec les hommes, (cis-)hétérosexuels, et "blancs" ?
Ce "symbole" qui personnifie le patriarcat me pose problème, perso.
J'ai un GROS problème avec le patriarcat, AUCUN avec les hommes blancs hétéros. Et cette manière qu'a Mar_Lard de volontairement amalgamer l'un et l'autre (le symbole du patriarcat / l'être humain blanc hétéro mâle - et "geek") m'emmerde.
Incroyable mais vrai : en plus de 15 ans de militantisme LGBT, féministe, anti-sexiste, syndical, j'ai PAS UTILISÉ UNE SEULE FOIS les termes "homme-hétéro-blanc" pour définir le patriarcat.
Le patriarcat, c'est le patriarcat.
L'homme hétéro blanc, c'est un individu parmi d'autres, qui a le droit d'exister il me semble ; et je vérifie dans le Larousse en ligne régulièrement : ce n'est pas une insulte non plus.
S'il s'agit d'expier un passé patriarco-colonial, désolée mais j'étais pas là - et du coup j'ai un peu de mal à culpabiliser. Mais je m'entraine, hein, je veux y arriver moi aussi pour ne pas me faire jeter des milieux intellectuels et militants dits "radicaux".

Ah, le mâle blanc cis-hétéro... l'origine de tous les maux sur Terre, l'incarnation maléfique du patriarcat ; notre modèle eut été une femme noire trans-lesbienne, le monde serait un vrai paradis. D'ailleurs, tous les peuples vivaient en paix et en harmonie, sans guerres ni sexisme ni racisme, jusqu'à l'arrivée de l'homme blanc cis-hétéro. Oui, c'est lui qui est à l'origine de tous les problèmes du monde.
Oh !, info de dernière minute, on me glisse à l'oreillette qu'il existe une autre théorie : tout serait de la faute d'un couple de nudistes ayant mangé une pomme après avoir rencontré un serpent qui parle.


« elle voudrait élargir le public des jeux vidéo au-delà des seuls hommes hétéros blancs »
Car les jeux vidéo ne sont conçus QUE pour les hommes hétéros blancs, et seuls des hommes hétéros blancs y jouent. Un noir, de même qu'une femme, est INCAPABLE d'aller au-delà de son genre ou de sa couleur de peau - foutu déterminisme culturel / génétique, hein... - et de kiffer un personnage principal sans se préoccuper de sa nationalité ou de son identité, genre ou orientation sexuelle.
Il n'y a QUE l'homme hétéro blanc qui - imbécile heureux et béat - profite d'avoir des jeux vidéo conçus exprès pour LUI (comme les Léa Passion) sans même se rendre compte de la chance qu'il a d'avoir un personnage qui lui ressemble, jusqu'à sa couleur de peau (comme Kratos, dont le teint légèrement gris bleuté fait même tomber les dieux).
Accessoirement, je viens d'apprendre que Medoc et Mickey sont "blancs" - et hétéros, fichtre XD - dites donc ça m'a fait un sacré choc quand même.

Medoc et Mickey, du RPG - Role Playing Gang


D'ailleurs, un autre point soulevé dans le dossier de Mar_Lard : le cliché de la princesse enlevée qu'on retrouve dans plusieurs franchises célèbres de jeux vidéo (Mario, Zelda... quoi que rappelons que dans ces deux franchises, Peach et Zelda ne se font pas tout le temps enlever non plus) est-il misogyne ?
Selon moi, non. Pas plus que je ne trouve les Mario racistes sous prétexte qu'on y voit un plombier italien moustachu (et probablement communiste, si...).

La princesse enlevée, il y a plusieurs moyens de l'interpréter quand tu es une joueuse :
* tu t'identifies à la princesse et tu intègres des clichés sexistes (demoiselle en détresse sauvée par un homme) ;
* tu joues innocemment sans rien calculer ; une princesse à sauver ou un monde, peu importe t'aimes jouer ;
* tu t'identifies au perso principal, peu importe à quoi il ressemble, et c'est toi qui sauve la princesse ;
* tu te mets dans la peau de commandante suprême : tu as la manette en main, tu diriges le petit bonhomme qui t'obéit au doigt et à l'oeil :D

Du coup, je n'aime pas trop (pas du tout) la vision très limitée de certaines féministes qui se focalisent sur l'impossibilité qu'on aurait de s'identifier à autre chose que "la fille" (donc la princesse). Comme si tous les mecs qui ont joué à GoW s'étaient identifiés à un mec en jupe à la peau gris bleuté.


« Plusieurs féministes critiquent le jeu Fat Princess pour l’utilisation d’humour misogyne et grossophobe »
Grossophobe. Et moi qui pensais qu'on avait touché le fond avec "islamophobe" et "cathophobe"... (notez : c'est toujours utile à placer en mot-compte-triple au Scrabble)
Il faut remarquer que c'est "typiquement américain" (et pays anglophones, souvent) comme procédé et structure de pensée, cette manière de segmenter, de communautariser ; communautés elles-même ensuite sous-sous-sous-divisées en autres sous-sous-sous-catégories ou communautés ; aux USA, vous trouverez sans problème (et j'exagère pas - comme Mar_Lard, huhu) une association ou des études statistiques sur les femmes portoricaines lesbiennes protestantes obèses de moins de 25 ans au chômage dans la banlieue de Philadelphie.

En France, on a une approche très différente des sciences sociales, pour la simple et bonne raison déjà que le fichage et donc les statistiques officielles de personnes en fonction de leur groupe ethnique, religieux, orientation sexuelle etc.. sont soit interdits, soit strictement encadrés (pour éviter des dérives environ évidentes). Et puis culturellement, historiquement, on a une vision des sciences sociales, de la société, de la politique, du militantisme (et de tout un tas d'autres choses) différente de celle des américains.
Exemple classique : eux c'est les pros des "actions" pacifistes : boycotts, sittings, dyings, tourner en rond avec des pancartes... tandis que nous nous illustrons dans l'art des manifs, grèves, blocages, occupations d'usines, et l'édification de magnifiques et flamboyantes barricades :D
Autre exemple : les communautarismes, et la notion de "races". Rappelons que les races n'existent pas et que si c'est un terme utilisé aux USA notamment en sociologie, ici on ne l'emploie guère, on projette d'ailleurs de le supprimer de la Constitution.


« Après mon dernier article, un certain nombre de mecs ont cherché par tous les moyens à me décrédibiliser (...)
Si vous vous en souvenez, j’avais prévu dans le texte que mon dernier article n’allait pas manquer d’attirer les insultes de geeks outrés »
C'est vrai qu'elle a tant fait pour l'éviter !... (ah, les prophéties auto-réalisatrices)


« Après mon dernier article, un certain nombre de mecs ont cherché par tous les moyens à me décrédibiliser. »
Mais non ! Je m'y emploie, moi aussi, avec assiduité et régularité !
Pourquoi m'ignores-tu, divine prophétesse du féminisme 2.0 ?! 

C'est d'votre faute aussi. Oui, vous tous là...
Vous cliqueriez plus souvent sur mon blog, je ferais des dizaines de milliers de vues, j'attirerais autant de commentaires, ET LÀ j'intéresserais les médias à mes propos ! Mar_Lard entendrait parler de moi, elle ferait des captures d'écran de mes articles ou commentaires, me citerait en exemple dans son prochain dossier, m'associant à la catégorie "idiote utile au service du patriarcat" ou "victime" irresponsable (je suis handicapée, et femme : tout ce que je dis est auréolé d'un double-sceau "C'est pas d'sa faute la pov' "). Bref : J'EXISTERAIS !!

Ah, ça y est j'existe ! (comme tous ceux ou toutes celles qui ne sont pas en accord avec elle)
 


« Voilà, en gros, à quoi font face les femmes dans la geekosphère (...) une femme qui aime les comics/la japanimation/le jeu de rôle/la fantasy/le cosplay/les wargames/les jeux vidéo… les aime *malgré* le machisme rampant. »
P'tain, Mar_Lard elle lit en moi comme dans une boule de cristal.
À ceci près que je n'ai jamais aimé les jeux vidéo *malgré* le machisme rampant (rampant, ou droit dans ses bottes à bomber le torse en se frappant les pectoraux en signe de domination, faudrait se décider hein). J'aime les jeux vidéo tout simplement. Comme j'aimais déjà les jeux électroniques.
Mais on s'en fout après tout ; j'adore qu'on parle à ma place.

Ah mais non, ch'uis bête (je suis une fille, m'en voulez pas) : je ne suis pas concernée ! La "communauté geek" n'est qu'un vaste entre-couilles sexiste, machiste et pervers, toutes les filles ont déserté, j'avais oublié.
Que je suis tête de linotte parfois.


« Pour pallier à l’absence totale de charte et de contrôle anti-harcèlement sexuel en convention par exemple, des geek-féministes américaines ont mis en place la distribution de "Creeper Cards" »
Un "contrôle anti-harcèlement sexuel"... Un contrôle anti-harcèl... Un contrôle ?? O.O
Que, de, qui... hein ??!?

Et ça se passerait comment exactement, ces "contrôles" ?
"- Bonjour monsieur, contrôle anti-harcèlement sexuel, puis-je voir votre billet d'entrée ? Il parait que vous embêtez la p'tite dame ? Elle vous a déjà remis 4 Creeper Cards jaunes et 1 Creeper Card rouge pourtant !"

Et juste pour savoir : le viol fait-il partie du harcèlement sexuel, ou faudrait-t-il créer des contrôles anti-viol à part ?



Les Creeper Cards justement, parlons-en.
Si un mec (car seul un homme est capable de tels comportements, ne l'oubliez pas) t'importune, te manque de respect, te met une main au cul, toi tu lui... tends un carton jaune ou rouge o__O

(l'analogie footballistique est faite pour faciliter la compréhension des mâles)

Existe aussi en vert, pour les enfants hommes sages :



« Inondation d’insultes dans les commentaires de l’article, sur mon Twitter personnel, par e-mail, sur les forums geeks…J’ai compilé un petit best-of »
Cette manie de tout compiler... c'est peut-être un TOC finalement.
(non, moi ça n'a rien à voir avec un TOC : je voue une passion aux multi-quotes, c'est différent)


« Bien sûr, tous les geeks ne sont pas d’immondes machos; bien sûr, toute cette merde est le fait d’une minorité très active »
C'est utile de le rappeler, fugacement, au milieu de 100 pages énonçant le contraire tout comme le titre « Sexisme chez les geeks : Pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier » (après l'homosexualité, ce douloureux problème, hein).



J'ai gardé le meilleur pour la fin :
« Je ne caricature même pas »
C'était LA blague de Mar_Lard ; attention fallait pas la louper, elle était bien cachée ! 


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"Le sexisme comme le racisme commence par la généralisation. C'est-à-dire la bêtise."
Christiane Collange



*** Mise au point ***

Une partie de mon article, celle faisant référence à mon parcours, semble avoir été mal comprise par certains. Voici donc une brève mise au point.

Parler de mon parcours personnel : pour tout dire, je m'en serais bien passée. J'ai hésité longtemps à inclure - ou non - ce paragraphe. Et je doute encore de sa "place" dans cet article, voire sur ce blog.
Si j'avais voulu étaler mon parcours et mes "champs de compétence", je l'aurais déjà fait dans le billet d'introduction du blog, dans lequel je me "présente".
Je ne l'ai pas fait. À la place, j'ai préféré raconter une (incroyable ^^) histoire qui expose ma vision du monde, et me ressemble, tout simplement.

Si j'ai apporté ces précisions sur mon parcours dans cet article, c'est par anticipation des critiques et réactions qu'on a vu fleurir dès lors qu'on osait ne pas être du même avis que Mar_Lard et ses acolytes :
- paternalisme, mansplaining
- "t'es pas concerné-e, t'as jamais souffert de discriminations ou de problèmes dans la vie"
- "t'es idiot-e, inculte, t'y connais rien au féminisme et à l'antisexisme, c'est un sujet que tu connais pas"
(liste non exhaustive)
J'ai donc jugé utile de préciser mon parcours, puisqu'il faut apparemment répondre à un certain nombre de critères (sexe, CSP, couleur de peau, avoir déjà souffert ou avoir été confronté aux discriminations) pour prétendre au droit d'ouvrir sa gueule.


*** Conseils de lecture ***

* Mar_Lard, tu devrais peut-être juste changer d'amis, non ?

* Affaire "Joystick" et Lara Croft : quand le "féministement correct" tue le débat 

* Du doux confort de l’indignation

* Affiches et préjugés. Et Mar_Lard.

* Poly et le sexisme dans les jeux vidéo

* FIFA 14 : une pétition pour inclure le football féminin

* Psycho-test de Moguri VS presse féminine : la réponse parodique du berger aux publications sexistes de la bergère

* "L'affaire Joystick" / Tomb Raider. Deez, Lara Croft, Crystal Dynamics et le sexisme dans les jeux vidéo

* Non c'est non - Petit manuel d’autodéfense à l’usage de toutes les femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire

* J’ai été agressée, mais je vais bien, merci

* La femme est un con comme les autres

* "Le masculin l'emporte sur le féminin" : et si les féministes arrêtaient la grammaire ?

* Ces études à la con qui nous prennent pour des connes

* Contre la dictature du rose

* Des catalogues de jouets révolutionnent les genres

* Les féministes et le garçon transpédégouine

* Les inégalités hommes-femmes en chiffres

* Repères statistiques, Observatoire de la parité entre les femmes et les hommes

Après "La pipe ciment du couple", le viol conjugal - Elle, une amie qui vous veut du bien

Non mais "ELLE" ! ELLE !
Le magazine féminin qui, comme Harry, vous veut du bien.


Après un dossier à l'été 2012 intitulé pragmatiquement "La pipe, ciment du couple !", dans lequel on apprenait que des femmes n'hésitent pas à utiliser une pratique sexuelle comme monnaie d'échange / moyen de pression pour « le faire céder sur la couleur d’un papier peint ou sur le lieu de nos futures vacances, avoue Adèle, 39 ans » (une technique qu'utilisait peut-être déjà Adèle, à 10 ans, lorsqu'elle voulait absolument que son papa l'emmène au cinéma), ELLE récidive avec la publication d'une déclaration d'Aldo Naouri, pédiatre (et écrivain, Zeus soit loué, c'eut été dommage de louper ça) :
ELLE. Dans votre livre, vous évoquez ces mères entièrement dévouées et qui ne font plus l’amour après la naissance de leur bébé. Vous parlez d’une consultation où vous dites à un père devant sa femme : « Violez-la ! » C’est choquant : le viol, y compris conjugal, est un crime condamné par le Code pénal.
Aldo Naouri. C’est évidemment une provocation ! J’étais devant un homme qui me disait : « J’en crève d’envie mais j’attends qu’elle veuille. » Sa femme le regardait sans rien dire. J’ai dit en exagérant : « Violez-la ! » C’était excessif mais c’était une manière de dire : allez-y, foncez, ça viendra bien ! D’ailleurs, à ces mots, le visage de la femme s’est illuminé !

Ouais, ouais. Le visage de la femme s'est illuminé. Illuminé. Quand un homme dit à un autre "Violez-la !", le visage de la femme en question s'illumine. Pendant un viol collectif, sous les encouragements de la foule, le visage d'une femme c'est le phare d'Alexandrie.
Pour un teint frais et radieux, adieu les gommages, vive l'incitation au viol. 

Peach, le visage illuminé


À propos d'incitation au viol, rappelons - vigoureusement mais pas trop, le stress brouille le teint - que :
L’article 24 du Code pénal punit de « cinq ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende ceux qui (…) auront directement provoqué, dans le cas où cette provocation n’aurait pas été suivie d’effet, à commettre l’une des infractions suivantes : « les atteintes volontaires à la vie, les atteintes volontaires à l’intégrité de la personne et les agressions sexuelles [y compris donc le viol] définies par le livre II du code pénal »

Suite aux propos environ illégaux et complètement choquants d'Aldo Naouri, relayés on ne peut plus nonchalamment par ELLE, une pétition a été mise en ligne demandant le retrait de ces propos et des excuses conjointes d’Aldo Naouri et de la rédaction du magazine.
(comme on dit, l'indignation 2.0 ça mange pas de pixels pain ; mais croyez bien que si une action s'organise devant les locaux de ELLE, je ne manquerai pas de vous en tenir informés ; ceci dit, ne vous étonnez pas si vous n'avez pas de nouvelles, hein).

J'ai signé. (je ne suis pas la seule, évidemment)
Mais, voyez-vous, maintenant je le regrette presque. Imaginez que cette pétition aboutisse, voire qu'ELLE change de ligne éditoriale. La plaie. Moi qui me faisais une joie à l'idée de pouvoir me plonger l'été prochain dans un dossier consacré aux "Tournantes en famille, le bonheur retrouvé" ou aux "Soins Visage : les vertus raffermissantes de la bifle" en sirotant un bon verre de mojito.
Fuck.


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"Il faut que la presse paraisse, surtout pas qu'elle paresse !"
Claude Frisoni

« Paris ! Paris ! On t'en-c... ! » #JDTAP, Journée Du Tweet À Paris

Le 19 avril 2013 avait lieu la Journée Du Tweet À Paris.


Ah, Paris ! Plus belle capitale du monde pour certains, les Champs-Élysées plus belle avenue du monde pour environ tous, des boutiques de luxe, de mode, de haute-couture, des restaurants gastronomiques, des quartiers cosmopolites, des musées, des expositions, des théâtres, des cabarets, des monuments historiques prestigieux, un patrimoine architectural riche, le french-cancan, le chic parisien, les bateaux-mouches, le romantisme... Une image de carte postale.


Et quand on va au-delà de cette image de carte postale, que reste-t-il ? Un bilan que je me suis hasardée à tweeter ; vive la démocratie participative :D


















Paris.


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"Nos pères avaient un Paris de pierre, nos fils auront un Paris de plâtre."
Victor Hugo, Notre-Dame de Paris

mercredi 10 avril 2013

Exemple de procédé malhonnête d'une "féministe"

Préambule sur le féminisme, sous forme de rappel :

* Le féminisme n'est pas un bloc monolithique composé de femmes toutes-sœurs-qui-se-tiennent-par-la-main et d'accord entre elles, comme si elles partageaient une intelligence et une conscience collective, à l'instar d'une société d'insectes ou des aliens dans Les Maitres du Monde. Le féminisme se compose de divers courants, dont certains s'entrechoquent violemment.

* Le féminisme N'EST PAS un synonyme d'anti-sexisme, comme se plaisent à le laisser entendre certaines féministes (de même que le PS n'est pas la Gauche, comme se plaisent à le laisser entendre certains journalistes, ou militants du Parti Solférinien).
Des féministes sexistes, ça existe.

* Le féminisme n'est pas un artefact magique protégeant celui ou celle qui le porte de la stupidité, de la mauvaise foi, de la manipulation, de l'erreur, de l'indigence intellectuelle crasse. Il y a des féministes connes, comme celles dénoncées ici. Et des féministes inutile(s)ment casse-bonbons, comme celles dénoncées là.


Bien, maintenant nous pouvons continuer.

Parmi les divers procédés malhonnêtes, au moins sur le plan intellectuel, qu'emploient bon nombre de "féministes" - le plus souvent autoproclamées, faute d'AOC - il y en a un particulièrement retors car il pose d'emblée l'éventuel contradicteur dans le rôle de salaud , ou de vilaine, sans cœur.
Il s'agit de jouer sur le registre de l'émotion et de l'empathie, de la victimisation et de la culpabilisation, à grands renforts de figures de styles dignes du journal intime d'une collégienne.
Si vous osez critiquer le propos, vous n'êtes de fait qu'un suppôt du patriarcat - ouuuuuh que c'est vilain - en plus d'être coupable ne pas vous répandre en larmes sur le triste sort de la victime dont vous venez de lire un témoignage, ce qui confirme votre inhumanité profonde et votre méchanceté de personne pas gentille ayant une pierre à la place du cœur (quand tant d'autres se plaisent à avoir un cœur en guimauve à la place du cerveau).

Un très bon exemple de ce genre de procédés m'a justement été transmis récemment sur Twitter, comme étant un "bon" article sur le féminisme. Et plus dure fut la chute comme on dit...

L'exemple, le voici : un article intitulé "À toi, mon ami qui ne viole pas",
mais qui est quand même un violeur potentiel - ou à défaut un complice, car si tu es un homme tu es forcément ignorant des problèmes tels que le sexisme ou la rape-culture, et ce même si tu prétends le contraire.
Mais j't'aime quand même, va, "mon ami"...

Extraits :
« À toi, mon cher ami qui n’est pas « comme ça » et qui te défends d’être un membre de la « culture du viol», à toi, donc, je dédie ces prochains mots (...)
Alors je vais te dire quelque chose, mon cher ami qui n’est pas « comme ça », il se peut que ça te fasses bizarre, mais voilà : il n’y a pas de « comme ça ». Il n’y a pas de profil. Il n’y a pas de stigmate « violeur » (...)
Tu peux te défendre de n’être pas « comme ça », n’empêche (...)
Tu dis que tu es irréprochable, tu dis que tu n’es pas « comme ça », d’accord. Je t’écoute, je te laisse dire.
Tu oublies juste quelques petits détails : l’électron libre que tu penses être, ça n’existe pas. Nous sommes tous fruits et actants de notre culture (...)
Autre chose, mon ami : tu veux te distancier de la « responsabilité » qui t’incombe nécessairement quand on évoque la culture du viol (...)
Mon ami, tu essaies de me dire que tu ne violes pas, je l’entends. Mais m’écoutes-tu quand je t’explique la peur, quand je te dissèque la terreur, quand je te montre le climat qui règne parfois à l’intérieur de mon cerveau de femme, qui se sent si vulnérable, si affaiblie par moments, si renvoyée à sa pauvre condition de « femme » par cette culture du viol, justement ? (...)
Tout cela, mon ami, pour te dire que quand tu m’expliques que tu n’es pas « comme ça », quand tu me répètes en geignant que tu n’appartiens pas à cette « culture du viol », que tu ne te reconnais pas dans ce que l’on dépeint comme stigmates et aberrations, tu te leurres (...) »

Un homme est donc au pire un violeur, au mieux un complice, à défaut un idiot, et ce même s'il prétend le contraire. CQFD.

Une femme quant à elle - ou du moins son cerveau, les femmes en ont un raconte la légende, mais si - se sent vulnérable, car les hommes sont tous de potentielles sources de danger. Hm.

Et mention spéciale au déterminisme culturel et sociologique, mise à jour 2.0 du déterminisme génétique, relayé dans ses propos. Elle a beau dire que "nous sommes tous fruits et actants de notre culture" ("actants" signifiant ici qu'on est acteur dans la société, sa culture, et qu'on peut donc la modifier), ce n'est qu'un écran de fumée : car tout le reste de son article s'adresse aux hommes (tous) pour leur expliquer que quoi qu'ils fassent, quoi qu'ils disent, ils sont de fait - et ce uniquement en raison de leur sexe - acteurs ou complices de la culture du viol, voire des violeurs potentiels :
"Tu peux te défendre de n'être pas comme ça, n'empêche (...) l'électron libre que tu penses être, ça n'existe pas (...) tu ne te reconnais pas dans ce que l'on dépeint comme stigmates et aberrations, tu te leurres".

Charmant : tout individu est prisonnier de son sexe / son genre, de sa culture et de sa condition sociale, et on pense tous exactement la même chose en fonction de ces critères, sans possibilité aucune de s'extraire de La Matrice. 
On se demande même comment l'auteur (et non "auteure") a pu écrire un billet sur les hommes sont des violeurs ou des complices le féminisme, au lieu d'être occupée à la vaisselle, à courir les magasins, ou à jouer à Léa Passion Décoratrice comme l'exigent les diktats sociaux en vigueur.
D'ailleurs, moi-même, je pense exactement la même chose que la femme qui a rédigé "À toi, mon ami qui ne viole pas" ;
la preuve : j'écris justement ces lignes critiquant son propos... Non mais y'a une explication : je suis une Fée, je dois être immunisée contre le déterminisme culturel et génétique des humains.


Un autre extrait :
« Tu te sens coupable, mon ami, alors que je ne t’ai accusé de rien. »
Elle a beaucoup d'humour.



Conseils de regardure :

- J’ai été agressée, mais je vais bien, merci
Ou l'art de parler de sexisme et d'agressions sans verser dans une mièvrerie dégoulinante - contrairement à d'autres.

- Non c'est non - Petit manuel d’autodéfense à l’usage de toutes les femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire
Parce que Mario et Link ne seront pas toujours dispo pour nous sauver les miches - et d'ailleurs mieux vaut se passer d'eux : qui sait, ce sont des garçons, ils pourraient nous violer ou être d'odieux complices de la rape culture.




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« Tout homme est un dissimulateur. Les bons sentiments ne sont que des stratagèmes : le cancrelat nous dévore en soufflant sur notre plaie. »
Ahmadou Kourouma, En Attendant le vote des bêtes sauvages

mardi 9 avril 2013

Assistance sexuelle aux handicapé-e-s : oui, mais avec des putes !

L'assistance sexuelle aux handicapé-e-s, on en parle ici, on en reparle là, encore un peu par là, et bien ailleurs... Mais alors, l'assistance sexuelle, qu'en penser ? Pour ou contre ?

J'en pense que je suis pour, mais pas dans la forme que ça prend. Donc je suis pour, et contre.


Une vie sexuelle est-elle "un droit" ?

Mine de rien, une partie du débat est là.
Le sexe est-il un droit auquel doit veiller la société, voire la législation ? Une vie sexuelle peut-elle être "un droit" ?
Au regard de différents textes, il semble que oui :
la sexualité peut être considérée comme un droit fondamental et universel de la personne humaine. C'est d’ailleurs ce que dispose l'article 25 de la Convention internationale des Nations unies, relative aux droits des personnes handicapées. Le texte de la consultation technique internationale sur la santé sexuelle, organisée en 2002 par l’Organisation mondiale de la santé, définit également la santé sexuelle comme «un état de bien-être physique, émotionnel, mental et social en rapport avec la sexualité, qui ne se borne pas seulement à l’absence de maladies, dysfonctionnements ou infirmités».

Les handicapés ont-ils "plus" droit à une vie sexuelle que les autres citoyens ?

Avoir une vie sexuelle peut donc être un droit, comme on l'a vu précédemment. Seulement voilà : des gens sans vie sexuelle, y'en a plein.
Des moches vraiment repoussants,
des très cons (tellement cons que même s'ils sont beaux, on fuit à toutes jambes dès qu'ils ouvrent la bouche - si si),
des timides à la limite de la phobie sociale pathologique,
des vieux,
des jeunes,
des handicapés,
des malades psychiatriques,
des détenus,
des asexuels
des religieux,
etc...

Mais si des personnes religieuses ont choisi l'abstinence sexuelle (ou presque, hein, presque), bien des gens en revanche la subisse : les handicapés, comme les autres... Alors pourquoi proposer un service d'assistance sexuelle aux personnes handicapées, et pas aux autres citoyens ?

On me dira : "Certains handicaps très lourds nécessitent une vie sexuelle adaptée."
Oui, j'en conviens. Et ?
Et ?
Quel est le rapport entre une pratique sexuelle adaptée, et un droit à une vie sexuelle ? Aucun.
On parle ici du DROIT à une vie sexuelle, pas des techniques à employer pour faire jouir un tétraplégique incomplet. Le droit à une vie sexuelle adaptée à son handicap, c'est différent du droit à avoir une vie sexuelle au nom de son handicap.

On me dira : "Parce que les handicapés n'ont pas le choix."
Je répondrai : les autres gens sans vie sexuelle n'ont guère plus le choix, pour la plupart. Et si le "droit à une vie sexuelle" est bien un droit, alors il doit être UN DROIT POUR TOUT LE MONDE, et non un droit réservé aux personnes handicapées.

Je répondrai aussi : c'est sympa de faire passer les handicapé-e-s pour des mecs et meufs abonné-e-s à la misère sexuelle, et intrinsèquement incapables de susciter du désir ou d'attirer des partenaires. Car si on reconnaissait aux personnes handicapées la capacité de séduire, d'avoir une personnalité intéressante, d'utiliser le cas échéant d'autres atouts qu'une plastique de rêve, d'être des objets de désir malgré (voire grâce à) leur handicap,
bref si on reconnaissait aux personnes handicapées le droit d'être "normales", le droit de plaire - ou de se prendre un râteau - comme tout le monde, on ne proposerait pas un service d'assistance sexuelle leur étant spécifiquement dédié.

Proposer un service d'assistance sexuelle uniquement pour les handicapés,

* soit c'est considérer qu'ils sont - du seul fait d'être handicapés - incapables d'être attirants ou d'avoir une vie sexuelle ; et c'est dégradant et insultant ;

* soit c'est considérer que les handicapés se font jeter uniquement à cause de leur handicap et ne peuvent pas se prendre de râteaux pour de bonnes raisons comme n'importe qui d'autre (comme être con, insipide, chiant comme le spectacle d'un aquarium vide, plus déprimant qu'un service d'oncologie pédiatrique, aussi étouffant qu'un boa constrictor, ou idiot) ; et c'est une vision foutrement naïve et ridicule des choses.

Une personne handicapée peut être charmante séduisante, agréable, drôle, intelligente... certes ; mais un handicapé peut aussi être un gros con débile superficiel niais et imbaisable, tout comme une personne valide peut l'être. Une personne handicapée peut être célibataire pour d'autres raisons que son handicap : par exemple, être fan de Plus Belle La Vie ou de Les Ch'tis à Las Végas est un motif de râteau ou de rupture parfaitement recevable, indépendamment du fait d'être valide ou handicapé.

Être handicapé ne prédispose nullement - en soi - à être condamné au célibat ou à ne pas pouvoir séduire ; de même qu'être handicapé ne signifie pas que l'absence de partenaires soit uniquement liée au handicap.

L'handicapé est un galérien du sexe - ou pas - comme les autres.
Et les personnes handicapées devraient bénéficier des mêmes possibilités d'avoir accès à une vie sexuelle que les autres : lieux de drague et de rencontres (se pose le problème de la non-accessibilité des villes et commerces, qui elle est un vrai frein à l'insertion sociale), sites de rencontres "sérieux" ou libertins, fucking-friends, ou bien encore : les putes.


L'assistance sexuelle aux handicapés, un chien dans le jeu de quilles de l'abolition de la prostitution

Parmi les personnes - handicapées ou non - ayant peu ou pas de vie sexuelle faute de partenaire, il y a des gens qui font avec, d'autres qui fréquentent assidument les sites de rencontres ou tentent leur chance dans des lieux de drague, et d'autres qui vont payer les services d'un-e prostitué-e.

Sauf que : le recours aux prostitué-e-s n'est pas aisé, étant donné la politique abolitionniste qui sévit en France (dénoncée ici).
Le Sénat a récemment abrogé le délit de racolage passif, mais le racolage "actif" est toujours une infraction pénale, et certains responsables politiques - nostalgiques d'une époque où le divorce n'était pas possible et où l'adultère était encore un délit... - rêvent toujours de voter une loi visant à pénaliser les client-e-s de prostitué-e-s (lire aussi cet article).
Pire : ces politiques sécuritaires, liberticides, moralisatrices et in fine dangereuses tant pour les prostitué-e-s que leurs client-e-s sont activement soutenues par de soi-disant féministes ayant pignon sur rue médias (comme Osez le féminisme, voir cet article), offrant ainsi à nos députés et sénateurs un alibi politiquement correct leur permettant de noircir encore un peu plus un paysage répressif déjà bien sombre :


Et au milieu de cette atmosphère austère visant à réprimer la prostitution et à criminaliser les client-e-s, voilà que le débat sur l'assistance sexuelle débarque comme un chien dans un jeu de quilles.

Les "pro-assistance sexuelle" s'évertuent - avec un talent rare dans l'art de manier l'hypocrisie - à différencier recours à la prostitution (beurk, c'est Le Mal !) et recours à une assistance sexuelle (youpi, c'est Le Bien !) ;
et les "anti-assistance sexuelle" s'échinent - avec la délicatesse d'un mammouth en rut dans un magasin de porcelaine - à faire le parallèle entre assistance sexuelle et prostitution, pour mieux diaboliser "le plus vieux métier du monde" et sa clientèle.


La société et le sexe, entre hypocrisie et schizophrénie

Il n'y a pas que les débats autour de l'assistance sexuelle qui sont hypocrites.
Après des décennies de libération sexuelle et des mœurs, des décennies de militantisme, d'émissions de télé, de magazines santé, d'études en tous genres, de livres, films, de dossiers dans la presse féminine etc... consacrés à la jouissance, à l'orgasme, à la sensualité, au porno, au plaisir, aux bienfaits et vertus d'une vie sexuelle libre et épanouie, il est foutrement pénible de constater que la société a encore de nos jours un rapport au sexe très hypocrite voire schizophrène.

Ainsi, seules les personnes jeunes, belles selon les normes en vigueur, disposant de leur propre logement, ayant un quotient intellectuel suffisant, et en bonne santé sont autorisées ou incitées à avoir une vie sexuelle libre et épanouie ;
les autres, circulez :
* les relations sexuelles sont interdites dans les maisons de retraite,
* les relations sexuelles sont interdites dans les hôpitaux, centres de soins, centres de rééducation, centres d'hébergement et foyers,
* les relations sexuelles sont interdites dans les services psychiatriques,
* les relations sexuelles sont interdites dans les prisons,
* les relations homosexuelles gays sont spécifiquement interdites (et sévèrement réprimées) dans les prisons,
* un homo, ça ne pense qu'au sexe,
* un handicapé ou un vieux, ça ne pense qu'à l'amûûûûr,
* le viol est un crime pénal, mais on demande toujours aux victimes si elles ne l'auraient pas "un peu cherché",
* vive la liberté sexuelle, mais n'empêche une femme sexuellement active c'est un peu une salope quand même - ou une créature de Satan,
* et environ les 3/4 de l'Humanité croient que tous les maux sur Terre ont pour origine un couple qui avait honte de se balader à poil.

Et au milieu coule une rivière, un torrent, un tsunami d'hypocrisie.

Il est étonnant de voir des responsables politiques et élus locaux envisager un service d'assistance sexuelle aux personnes handicapées, alors qu'en parallèle on interdit toute relation sexuelle dans la plupart des centres et institutions dans lesquelles elles séjournent, et qu'on ne se soucie guère de faire appliquer une véritable politique d'accessibilité dans la ville - qui favoriserait sorties et rencontres.

Il est curieux de la part de certaines associations d'handicapés de se plaindre de misère sexuelle et d'exiger un droit à l'assistance sexuelle quitte à créer "une exception" au délit de proxénétisme, quand dans le même temps elles dénient cette misère sexuelle et le droit d'avoir recours à des professionnel-le-s du sexe à d'autres citoyens.

Il est ennuyeux que bon nombre de féministes en France n'aient pas autre chose à foutre que faire supprimer la mention mademoiselle des formulaires administratifs, vouloir révolutionner la grammaire et la Carte Vitale, ou faire la chasse aux putes et à leurs client-e-s y compris handicapé-e-s.


Mais alors, que faire ? L'assistance sexuelle, non ; la prostitution, oui !

Je suis POUR que des personnes - handicapées ou non - puissent avoir une vie sexuelle, d'autant que pour les personnes handicapées, la sexualité doit être adaptée à la fois à chaque type de handicap, et à chaque type de personnes (tout le monde n'aime pas les étreintes délicates et fleur bleue ou le bondage, et tous les handicapés ne sont pas hétéros).
MAIS : je suis CONTRE le fait que ça prenne la forme d' "assistance aux handicapés". Je trouve ça insultant, très stigmatisant, et incroyablement hypocrite.

Le plus simple serait tout simplement : de confier ce service à des professionnel-le-s.
En l'occurrence, les travailleurs et travailleuses du sexe que sont les putes. Pourquoi diable (oui, je l'invoque quand je veux) vouloir transformer des tierces-personnes, du personnel médical ou paramédical, des auxiliaires de vie, en "aidants sexuels" alors que manifestement, quand ils ont choisi ou accepté cette profession, ils ne s'attendaient pas à devoir un jour satisfaire les désirs sexuels de leurs patients ?
Il me semble bien plus judicieux de proposer ce genre d'assistance sexuelle à des personnes dont la prestation de services sexuels est la profession. Je rappelle que la prostitution est légale, bien qu'on puisse rire - ou pleurer - de l'hypocrisie manifeste des pouvoirs publics envers les travailleurs et travailleuses du sexe.
A-t-on seulement demandé leur avis aux putes ? Ont-ils-elles été seulement consulté-e-s ? J'en doute fort, et c'est un parti pris bien étonnant lorsqu'on débat de services sexuels professionnalisés.


Il conviendrait donc de :

* Reconnaitre la profession de prostitué-e, et leur garantir les mêmes droits que d'autres travailleurs-euses : exercer leur travail en toute sécurité et dans de bonnes conditions, accès à la médecine du travail et à des campagnes de sensibilisation, de prévention et de dépistage des IST, etc.

* Former les prostitué-e-s qui le souhaitent (tout comme il existe des "spécialisations" ou des formations dans d'autres professions) aux spécificités du sexe avec une personne handicapée (connaitre les différents types de handicap, savoir s'y adapter etc) et aux spécificités de l'accompagnement de couples d'handicapés ayant besoin de l'aide d'une tierce personne pour avoir des rapports sexuels ensemble.


Comme ça, fini l'hypocrisie sociale et politique autour de ces questions, et tout le monde sera content dans la mesure où :

* on ne fera plus la chasse aux putes et à leurs client-e-s (plus on pénalise et plus on "délocalise" ces activités dans des endroits sordides et dangereux) ;


* certain-e-s prostitué-e-s auront la possibilité d'élargir leur "champ de compétences professionnelles", leur clientèle, et de se rendre utiles auprès de personnes handicapées en suivant une formation adaptée ;

* les handicapé-e-s ne se sentiront plus marginalisé-e-s ;

* les parents d'enfants lourdement handicapés - en particulier les mères - ne se retrouveront plus face à la situation pour le moins gênante et environ traumatisante d'avoir à tripoter la nouille ou le clito de leur gamin-e par pitié / compassion / dévotion envers lui-elle et pour lui apporter un soulagement, comme ça arrive parfois ;

* le personnel médical et paramédical, déjà en sous-effectif, n'aura pas de tâches supplémentaires à effectuer ce qui lui laissera l'opportunité de traiter quelques escarres, de prendre la température ou la tension, de distribuer les médicaments, ou d'apporter le bassin (vite, car en général c'est pour une urgence hein).

Alors oui, bon, quand je dis que tout le monde sera content... il est possiblement probable que quelques féministes et réac' cacheront leur immense joie derrière un masque de virulentes protestations. Mais l'Humanité s'en remettra.

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"La vraie morale se moque de la morale."
Blaise Pascal, Pensées