mardi 5 novembre 2013

Sécurité routière, piétons, et principe de réalité

Je fais partie des gens qui pensent qu'il y a surpopulation humaine. Et que c'est un (gros) problème. Parce que bon. Objectivement. Hein.

Mais.
Ce n'est pas pour autant que j'apprécie toutes les initiatives en matière de réduction de la population. 
C'est glauque. Elle était encore consciente après le choc ; elle a souffert ; elle s'est sentie partir. Et c'est terrible, de se sentir partir sans rien pouvoir faire.

On en a un avant-goût quand on subi une anesthésie générale, en particulier au masque (où là on se sent carrément comme tomber, aspirer en arrière). Lorsque les produits commencent à agir, on "part", on essaie de lutter contre, de toutes nos forces (parce qu'on a fait un pari avec l'anesthésiste ; oui ben on s'amuse comme on peut au bloc), mais y'a rien à faire. C'est juste horrible. 
Horrible parce qu'on se dit que mourir, ça doit ressembler à ça. Être englouti par le néant, sans aucun espoir de gagner le pari (les anesthésistes et La Faucheuse, une belle clique de tricheurs. À tous les coups ils gagnent).

Bref, ce qu'a vécu cette jeune femme est glauque. On n'a déjà pas toujours assez d'une vie pour se préparer à mourir, alors faire ça en trois minutes... glauque.
Glauque, et pourtant évitable.
C'est peut-être ce qui est le plus glauque là-dedans.

Il est d'usage lorsqu'on évoque la sécurité routière de s'adresser à ceux qui - potentiellement - représentent un danger, à savoir les automobilistes et globalement tous les conducteurs de véhicules : respectez les limitations de vitesse, mettez vos clignotants, soyez vigilants...
Bien.
Mais pas suffisant. Alors je m'adresse ici aux piétons, et aux automobilistes qui - rappelons-le - sont aussi des piétons parfois.

Prenons cet accident en exemple. Il semble qu'alors qu'elle traversait, soit elle téléphonait, soit elle a glissé. 
Dans les deux cas, pffff.

FAITES GAFFE sur la route, merde. Oui le feu est rouge pour les voitures, oui le petit bonhomme est vert pour vous le piéton, ça ne vous dispense pas pour autant d'effectuer un contrôle visuel pour vérifier que rien ne vous arrive en pleine poire. 
Les automobilistes mal réveillés, ça existe. Les freins qui lâchent, ou une canette de soda vide qui traine ou le jouet du petit dernier qui glisse sous la pédale de freins, ça existe (oui, comme dans Destination Finale 2. Ça m'est d'ailleurs arrivé avec un paquet de clopes. Putain de panique. Heureusement ce n'était "que" un paquet de clopes, en appuyant comme une bourrine j'ai pu l'écraser et freiner à temps). L'ambulance de pompiers pressée, la voiture de police en intervention, le routier bourré, la conductrice dépressive sous calmants, et l'inverse, ça existe. Le monde autour de vous existe. Et il n'est pas inutile d'en tenir compte quand on traverse une zone remplie de véhicules.
Votre "bon droit" à traverser en sécurité s'efface, ou plutôt tâche - parce que le sang, ça tâche - devant le principe de réalité.

Le principe de réalité en action - la force de gravité

Des fois - et pas que des fois - j'ai l'impression - et ce n'est pas qu'une impression - que vous avez tellement de lois, règles, normes..., et que vous les avez tellement intégrées, que vous les prenez pour argent comptant, les considérez comme allant de soi, comme une loi de la nature, immuable, éternelle, acquise.
Limiter sa vitesse à 30km/h ou respecter les feux rouges n'est pas une loi de la nature.
En revanche, tout objet dur et massif lancé à bonne allure et percutant un objet bien moins dur et résistant le pulvérise. Ça, c'est une loi de la nature.
Et vos lois, règles, normes, ne vous protègeront jamais, ou jamais totalement, des lois de la nature.
Les lois, règles et normes - en l'occurrence ici celles définissant les bons et mauvais usages de la route - veillent (soi-disant, mais on va faire comme si) à votre protection, que vous soyez piéton ou automobiliste d'ailleurs. Mais cette "protection" est relative. Le meilleur système de protection, ça reste bien souvent vous-même.

Encore l'autre jour, un piéton traverse devant moi avec les yeux rivés à son téléphone. Il a juste jeté un œil au début du passage piétons, avant de s'engager dessus, mais ensuite - tout le long de sa "traversée" - PAS UN REGARD sur la route ou autour de lui. Pas. un. seul. Et les écouteurs dans les oreilles, la totale.
Là encore, oui il est tout à fait en droit de traverser : la loi l'y autorise (de même que le bon sens, quelle chance quand ces deux là se rencontrent), elle prévoit même qu'il est prioritaire et qu'on n'a pas le droit de l'écrabouiller. Sauf que voilà : si pour une raison X, Y ou Z un véhicule déboule, ben c'est à un pare-brise que ce piéton expliquera que la loi le protège, et défendra son "droit" d'écrire des textos et d'écouter de la zik en traversant.

De même, quand on traverse devant un bus, une voiture, un tramway... on veille à le faire avec une bonne marge de sécurité, justement au cas où on se casserait la gueule, ferait tomber ses clés ou son portable, ce genre de choses. Qui arrivent aussi. Aussi sûrement qu'un tramway en pleine gueule.


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"La vie, c'est comme le ski. Les accidents les plus graves ont souvent lieu à l'arrêt, quand l'attention se relâche."
Bruno Tessarech, La machine à écrire

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