mercredi 31 juillet 2013

La Bonne Fée dessine (parfois)

J'écris sur mon blog, et même des contes parfois, je fais des photos, je joue aux jeux vidéo (et je prends des photos en même temps, oué), je couds, je tricote, et puis je dessine aussi. Oui voilà, j'ai une vie carrément trépidante.

Je dessine quoi ? Des, heu, trucs. Principalement des femmes - ou plutôt des morceaux, des zigouigouis abstraits végétaux ou tentaculaires, des lunes. Des bestioles aussi, parfois.
Je pourrais me lancer dans une introduction sérieuse et structurée, mettant en lien le handicap et mon vécu à l'hôpital avec mes dessins de corps déchirés ou incomplets. Je pourrais vous expliquer par le menu ma fascination pour le corps, ce qu'il est capable d'encaisser - ou pas, ces radiographies que j'ai vues, où le crâne, les bras ou les jambes de quelqu'un ne sont plus qu'un Mikado géant d'os, et parfois de métal. Évoquer longuement les monstres peuplant nos légendes, notre enfance et notre imaginaire, ces créatures avec leurs difformités, pus, points de suture ou plaies ; tout ce qui fait peur "aux bonnes gens", mais qui m'est familier et presque agréable. Comme quand on prend plaisir à retrouver de vieux amis, même si on a partagé avec eux des expériences difficiles, éprouvantes.
Proust avait sa madeleine. J'ai mes pieds de perf' et l'odeur de l'éther.

Mais j'ai pas le temps.
Alors mieux qu'un long billet, quelques dessins :) Ils datent un peu ; cependant, je dessine toujours avec le même style et dans les mêmes thématiques / univers. Quand je trouve le temps et l'envie de dessiner, hein, bien sûr.












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"C'est très bien de copier ce que l'on voit ; c'est beaucoup mieux de dessiner ce que l'on ne voit plus que dans sa mémoire."
Edgar Degas

La Douleur, La Nuit, et des Citations

J'aime la nuit. Sa quiétude, son silence. Les angoisses et les peurs de l'enfance à qui elle rouvre ses portes. Les secrets qu'elle protège. Les douleurs sur lesquelles elle dépose une paradoxale, à la fois vive et douce lueur.

J'ai grandi avec une maladie très douloureuse. J'ai grandi avec la douleur. Autrement dit, j'ai grandi avec la nuit. Car on n'a jamais aussi mal que la nuit : la nuit, avoir mal on n'a que ça à faire. Ça vous empêche même de dormir.
En journée, la lumière vive du soleil ou des éclairages artificiels, le bal chaotique des activités humaines occupent notre temps, nos pensées, nos cerveaux.
La nuit, c'est différent.
La nuit, on est disponible pour la douleur. Elle le sait. Elle attend son heure.

Avoir (très) mal la nuit est une étrange expérience. Un voyage aux confins du corps et de l'esprit, d'une amère lucidité et de douces rêveries. En particulier à l'hôpital.
Le voyage commence presque toujours de la même façon.

La nuit arrive. Le sommeil... non. La douleur l'en empêche.
On essaie de se divertir, de regarder la télé, de jouer à des jeux vidéo, de lire. De se concentrer sur autre chose. La douleur l'empêche.
S'ouvrent alors deux voies.

L'une consiste à combattre la douleur ; on lui envoie un direct de tramadol, un uppercut de codéine, un headshot de morphine. Mais la douleur ne s'avoue pas facilement vaincue. Avant de disparaitre, elle nous attrape dans une ultime étreinte et nous précipite avec elle dans d'étranges abysses de la (l'in)conscience qui ressembleraient presque au sommeil. Ou au pays d'Alice.
Et parfois, à Silent Hill.

L'autre consiste à l'accueillir. Apprendre à la connaitre. La méditer, la vivre. Accepter son invitation à danser, à divaguer, à penser, à rêver éveillé. 
La nuit est là, prête à nous border. Le retard de sommeil fatigue. La douleur fatigue. On devrait dormir. On en a envie. On en a besoin. Et on ne peut pas. On s'épuise, mais pas tout à fait. Tout ceci créé une sorte de "bulle", dans laquelle on est prisonnier, mais dans laquelle il est aussi agréable de flotter.
C'est difficile à expliquer.

On est seul, dans la pénombre, dans le silence, à fixer le plafond ou un rayon de lune. Et on a MAL. Une douleur qui irradie, qui conquiert de nouveaux territoires, ou au contraire qui fait des attaques ciblées, mais quoi qu'il en soit elle ne nous lâche pas. 
Et là, on redécouvre son corps.
Celui auquel on ne fait pas attention la plupart du temps ; puisqu'il va bien, pourquoi s'en préoccuper ? Ce n'est que lorsqu'il va mal - lorsqu'il fait mal - qu'on se pose des (sérieuses) questions à son sujet. Alors on s'informe ; on se représente le chemin de la douleur ; on l'intègre à son schéma corporel. On apprend à connaitre la douleur, à les différencier - les douleurs sont une famille nombreuse, à comprendre pourquoi elle est là. À comprendre ce qu'elle nous dit.
On apprend son langage. On découvre son univers. Un univers qui devient le nôtre, qu'on le veuille ou non, car la douleur et nous partageons le même territoire - notre corps, le même moment - le présent, et la même gardienne de notre intimité - la nuit.

Et on pense. On pense, on pense, on pense, on ne fait que ça. On n'a que ça à faire, remarquez. L'atmosphère particulière de la nuit, l'absence de distractions, l'immobilité (si on bouge, ça fait encore plus mal), la douleur, l'état second dans lequel tout ceci nous plonge - cette fameuse "bulle" dans laquelle on se laisse flotter - est propice aux réflexions, aux pensées. Pendant que le monde dort, notre cerveau carbure.
On pense à la douleur, d'abord. Puis de pensées en rêveries, de réflexions en divagations, on se met à penser à tout, à rien, toujours en compagnie de la douleur ; on refait le monde, comme deux vieux potes de l'armée. On ressasse le passé, ce qu'il aurait pu se passer, ce qu'il aurait se passer, les regrets laissent place à d'infinis scénarios dans autant de réalités alternatives ; on pense l'instant présent, rendu aigu par la douleur ; on pense à tout à l'heure ; on pense au futur. On pense on pense on pense.
On panse, aussi. Ses vieilles blessures. Ses peurs, ses angoisses, ses frustrations, ses craintes.

Et puis vient l'aube. La bulle éclate. 
La magie s'évanouit. On voit les premiers rayons du soleil. On entend les premiers bruits de pas. Le jour, les gens. La douleur se fait plus laide, plus banale. Comme ces coups d'un soir dont on s'aperçoit, trop tard, qu'ils ne sont séduisants que dans la pénombre d'un bar. 

La nuit nous manque déjà. Heureusement, elle reviendra.




~ En quelques citations ~

« Comme la nuit paraît longue à la douleur qui s’éveille. »
Horace, Épitre à ma soeur sur ma convalescence

« Si tu as peur de la mort, n’écoute pas ton cœur battre la nuit. »  
Paul-Jean Toulet, Les Trois Impostures

Et pourtant : « Pour celui qui a souffert toute la nuit, l’aube est toujours décevante. » 
Robert Mc Liam Wilson, La Douleur de Manfred

« La nuit est comme un sanctuaire, elle porte à l'intimité. » 
Jacques Ferron, La Confiture de coings et autres textes

« Car l’on ne voit profondément que dans la nuit profonde. »
Denys Gagnon, Chants et silences des trois créatures

mercredi 17 juillet 2013

Nos amis les riches

Après une brève bafouille sur le 14 juillet, quoi de plus logique que d'aborder le sujet des riches et autres privilégiés, ces nobles des temps modernes.

Si, les riches et les nobles c'est environ pareil : des manants veulent les dépouiller de leurs richesses et de leurs indécents privilèges, et éventuellement leur couper la tête. Une vieille histoire du genre "Dieu pardonne, pas le prolétariat", un truc comme ça.
La seule différence réside dans la forme : aux rois de droit divin ont succédé les riches, rois de l'évasion fiscale. Ce qui n'empêche pas l'État de se tromper de combat en luttant farouchement contre les fraudeurs aux prestations sociales (alors que le non-recours aux prestations sociales est bien supérieur à la fraude) plutôt que contre les évadés fiscaux.
Comme disait Alphonse Allais :
« Il faut prendre l'argent là où il se trouve, c'est-à-dire chez les pauvres. Bon d'accord, ils n'ont pas beaucoup d'argent, mais il y a beaucoup de pauvres. »

Et ça, les gouvernements, le patronat et le secteur de la finance l'ont bien compris.
Remarquez, difficile de l'ignorer :
* « Tout a été fait pour étouffer l’affaire des évadés fiscaux HSBC »




De même qu'ils doivent être au courant que nous - les non-riches - on a droit à ça :

Productifs jusqu'au bout.



Même les enfants sont mis à contribution - au Royaume-Uni, les enfants de 10 ans économisent déjà pour aller à la fac : "L’étude estime que la récession a eu un effet sur les habitudes financières des enfants, ainsi que les encouragements du gouvernement à économiser." 
Les encouragements du gouvernement à économiser ? Tu m'étonnes : l'argent des épargnants utilisé en dernier recours pour renflouer les banques. Ah ben là, tout de suite, on comprend l'intérêt d'épargner... pour sauver le popotin doré de nos riches amis privilégiés. Que ne ferait-on pas pour leur éviter les affres de la pauvreté.



Mais... tout le monde n'est pas d'accord pour se sacrifier à la cause "Sauvons les riches" :




Car certes, les riches sont nos amis et il faut les sauver, les pauvres - enfin les riches, j'veux dire.
Mais à quel prix ?




Les cons osant tout, c'est même à ça qu'on les reconnait parait-il, l'État et le patronat tentent de nous faire miroiter qu'on pourrait s'en sortir : en s'exploitant soi-même. #LOLdeFEU

Il existe, ouf, d'autres possibilités : 15% d'augmentation de salaire !, il suffit aux employés de se faire tatouer le logo de l'entreprise. En plus de deux ou trois autres formalités...



Que faire ? Comment se défendre ? Quel recours avons-nous ?

Compter sur l'UMP ? Ben voyons :

Compter sur le PS ? C'te blague : 





Le salut ne se trouve pas non plus dans la religion

Mais il est où alors ? Un peu partout !, suffit de chercher et de multiplier les bonnes idées. On a déjà quelques pistes.



Premièrement - bon, ça parait ballot, mais c'est toujours utile à rappeler : donner de l'argent reste le moyen le plus simple de lutter contre la pauvreté. À ce propos, je vous rappelle aussi que j'accepte les dons toute l'année, et pas uniquement lors du week-end du Téléthon. Voilà voilà.
Merci d'aider également les restos du cœur pour animaux ; il n'y a pas que les humains qui souffrent de l'isolement, de la chaleur, du froid, de la faim, de la précarité.

Deuxièmement, soyons créatifs / inventifs / prévoyants. Errare humanum est, perseverare diabolicum, hein :

Troisièmement : repenser la société, repenser le travail :


Mais pour y parvenir, va falloir batailler fort. Oui, batailler. 




Conclusion :
D'accooooooord, j'exagère. Nos amis les riches sont formidables, apprentis-sorciers de la finance y compris, et ils ont eux aussi de vrais problème - de riches - à ne pas négliger :





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"Ça fait pauvre, de détester les riches."
Ylipe, Textes sans paroles


~ Remerciements pailletés ~

- aux riches. Non, nous ne les détestons pas tous : y'en a des sympa qui veulent bien partager leurs richesses avec les pauvres. #CœurSurVous

- aux journalistes qui ont fait tout le boulot, et dont je ne fais qu'archiver et compiler les articles dans ce billet

- aux blogueurs, qui font aussi du boulot de recherche / analyse / relais d'informations, et dont j'ai inclus les billets dans cette revue de presse

- aux twittos, grâce à qui je découvre / partage ces articles de presse et billets de blogs

- à Marka, auteur compositeur interprète belge talentueux dont j'ai inclus la chanson "Les Mondains" en fin de billet. Il est également l'auteur et l'interprète d'une chanson intitulée "Nos amis les riches", dont s'inspire directement le titre de mon article.
Vous pouvez trouver ces deux chansons, et de nombreuses autres, sur l'album intitulé "Merci d'avance". Vous pouvez également suivre Marka sur Touitteur : @Markalebelge et lui faire plein des bisous virtuels.

- à Square Enix, que j'aime tout plein fort d'amour pur, et qui par conséquent ne m'en voudra pas d'avoir utilisé des images et dialogues de leur merveilleuse saga vidéoludique "Dragon Quest" :D

- et enfin : à tous mes sponsors et partenaires commerciaux. Ah, tiens, j'en n'ai pas. #JmeDisaisAussi