mercredi 13 avril 2011

La Vieille... révolutionnaire

J'aime énormément cette chanson, qui s'appelle "La Vieille". En découvrant les paroles, vous comprendrez bien vite pourquoi ;)



J'ai pas besoin de vous pour ranger mes vêtements,
Partez vous m'encombrez, dit La Vieille en sautant
Pieds-joints sur sa valise, on aurait dit Popeye
Elle avait encore la souplesse des abeilles
Et d'un pas décidé vers la gare Saint-Lazare,
Tandis qu'on f'sait semblant de pleurer son départ,
Elle s'en allait gaiement son bagage à la main
Avec deux ou trois pauses pour se tenir les reins

J'ai pas besoin de vous, dit-elle au contrôleur
Pour porter ma valise, j'en ai pour un quart d'heure
L'hospice est en banlieue, on dit qu'c'est un château
Où les vieux jouent au Scrabble et aux petits chevaux
Moi j'ai horreur de ça, comprenez-vous monsieur
Je n'aime que les westerns avec plein de coups d'feu !
J'ai vu quatorze fois "L'infernale Chevauchée"
Je vous l'raconterai bien mais nous sommes arrivés

J'ai pas besoin de vous, dit-elle à l'infirmière
Pour déplier mes draps, laissez-moi j'ai à faire
Alors de sa valise, à l'abri des regards,
Elle sortit vingt bouteilles d'un célèbre pinard
Descendit au salon, où les vieux et les vieilles
Jouaient aux petits chevaux en se grattant l'oreille :
"Bonsoir messieurs mesdames, je m'appelle Fanchon !
L'un d'entre vous n'aurait-il pas un tire-bouchon ?"

J'ai pas besoin de vous, disait-elle au médecin
En élevant vers lui son troisième verre de vin
Tandis que les vieillards autour de la pendule
Chantaient à quatre voix "La grosse bite à Dudule !"
Et l'on vit ce spectacle, ô combien ravissant,
De quatre-vingt gâteux quittant l'établissement
Afin de ratisser les hospices du pays
Arrachant à la mort des moribonds surpris...

J'ai pas besoin de vous, disait-elle au curé
Qui, au chevet d'un vieux, s'esquintait à prier
Vous voyez bien que ce cadavre n'est pas mort,
Il ne respire plus par contre il bande encore
Un petit coup d'branlette le remettra sur pattes,
Comme un coup d'manivelle sur une vieille Juva 4 !
Le prêtre révulsé tombait les bras en croix,
Il respirait encore mais il ne bandait pas

"J'ai pas besoin de vous" claironnaient tous les vieux
Chaque fois qu'un Député voulait s'occuper d'eux :
"Car vous n'avez pas su vous occuper de nous
À l'âge où nous avions encore confiance en vous
Tous les moyens sont bons pour gagner la coupole
Si les morpions votaient vous auriez la vérole !
En tant qu'improductifs, nous ne produirons pas
Un imbécile de plus à la tête de l'État."

Elle fit un bras d'honneur, on aurait dit Popeye
Elle avait encore la souplesse des abeilles


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“Les politiques, qui ont trouvé tant de moyens d'étouffer la liberté où elle est née, n'en ont encore trouvé aucun pour l'empêcher de naître et de faire explosion là où elle ne s'est montrée jamais.”
Edgar Quinet, La Révolution


"Les bonnes idées n'ont pas d'âge, elles ont seulement de l'avenir."
Robert Mallet, Apostilles ou l'utile et le futile

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