samedi 30 avril 2011

1er Mai 2011 : parcours et météo de la manif parisienne !

Bon alors franchement, cette année, rien d'exceptionnel ni de très compliqué, que ce soit dans le parcours ou dans les "revendications" du 1er Mai...

Le parcours de la manif
- Départ (vers 14h30...) : Place de la République
- Parcours : Boulevard Voltaire, toujours tout droit, toujours tout droit, toujours tout droit...
- Arrivée (triomphante et révolutionnaire, si possible, mais j'ai comme un doute ?!) : Place de la Nation


La météo
Tout comme le parcours et les revendications, la météo sera clémente...
L'après-midi sera placée sous l'alternance de nuages et de belles éclaircies, avec un léger vent d'est. Côté températures, à l'image des manifestants, ça sera pas chaud bouillant : 20° mini, 23° maxi.

Bref, le temps idéal pour commencer en douceur son bronzage d'été pour manifester avec force et conviction !... (nan mais si, faites semblant au moins, pour les journalistes)

Attention : des giboulées tardives de gaz lacrymogènes restent envisageables. 

Sur ce, bonne promenade bonne manif !


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"Le crime ne paie pas. Le travail non plus."
Gilbert Senecaut, extrait de la revue Les lèvres nues

"Les gens sortent dans les rues pour réclamer du travail, alors que c'est de l'argent qu'ils veulent."
Frédéric Deville

C'est quoi le 1er Mai ? (version courte et version longue)

C'est quoi le 1er mai ?
* la version courte *

D'où viennent les traditions du 1er mai ? Pourquoi le muguet, pourquoi la "Fête du Travail", pourquoi la "Journée Internationale des Travailleurs" ? Voici quelques réponses, version courte puis version longue.


Pourquoi le 1er mai est-il le jour de la Fête du Travail ?
Les origines du 1er mai se trouvent aux USA, plus précisément à Chicago. Le 1er mai 1886, des travailleurs organisent une grande grève : ils sont dans la rue pour revendiquer la journée de travail de 8 heures. Les manifestations durent plusieurs jours, et des ouvriers sont tués lors d'affrontements avec les forces de l'ordre (ou les forces du désordre, ça dépend du point de vue).

En France, trois ans plus tard, en 1889, les organisations ouvrières cherchent une date pour organiser une manifestation : “La Journée Internationale des Travailleurs”.
Leur objectif est aussi de réclamer la journée de travail de 8 heures : une date s’impose alors forcément, en souvenir des ouvriers tués à Chicago : le 1er mai. 

Autres dates importantes : 1941 et 1947

1941 : le Maréchal Pétain transforme La Journée Internationale des Travailleurs en Fête du Travail : hé oui, "Travail - Famille - Patrie", ça colle tellement mieux avec la propagande nazie...
De nos jours, l'appellation officielle du 1er mai  "Fête du Travail" persiste, trace nauséabonde de la France collabo et du Régime de Vichy, trahissant ostensiblement les origines ouvrières et internationalistes de ce jour particulier.

1947 : la journée du 1er mai devient un jour chômé et payé.


D’où vient la tradition du muguet pour le 1er mai ?
C'est une tradition beaucoup plus ancienne : au Moyen-Âge, au mois de mai, les hommes accrochaient des fleurs et notamment du muguet au-dessus de la porte de leur bien-aimée, ou encore à leurs cheveux.
Mais ce serait Charles IX qui aurait instauré cette tradition : le 1er mai 1561, le Roi aurait offert des brins de muguet à toutes les dames de la cour, comme porte-bonheur, et souhaita qu’il en soit ainsi chaque année.


Y a-t-il un lien entre le muguet la Journée Internationale des Travailleurs ?
C’est au 20ème siècle que le muguet est associé à la Journée Internationale des Travailleurs (forcément, puisque la Journée Internationale des Travailleurs n’existait pas avant, hein).
Le 1er mai, les manifestants avaient pris l’habitude de défiler en portant à la boutonnière un triangle rouge (pointe vers le haut, à la différence des triangles imposés par le "marquage nazi" dont la pointe était tournée vers le bas en signe de soumission et d’infériorité) qui symbolise leurs revendications : une journée divisée en 3 parts égales entre le sommeil, le travail et les loisirs.
Ce triangle fut ensuite remplacé par la fleur d’églantine, puis par le muguet.
Néanmoins, il n'est pas rare de voir de nos jours des personnes défiler le 1er mai avec un triangle rouge à la boutonnière, comme au bon vieux temps :)



C'est quoi le 1er mai ?
* la version longue *

Les origines du 1er Mai et de la Fête des Travailleurs : le 1er mai 1886
"Le 1er mai 1886, la pression syndicale permet à environ 200.000 travailleurs américains d'obtenir la journée de huit heures. Le souvenir de cette journée amène les Européens, quelques années plus tard, à instituer une «journée internationale des travailleurs» ou «Fête des travailleurs».
Cette journée est aujourd'hui plus volontiers appelée «Fête du Travail», bien que l'expression prête à confusion..."
Joseph Savès

Imposer un temps limite de travail ?
Au cours du IVème Congrès de l'American Federation of Labor, en 1884, les principaux syndicats ouvriers des États-Unis s'étaient donné 2 ans pour imposer aux patrons une limitation de la journée de travail à 8 heures. Ils avaient choisi de débuter leur action un 1er mai pour des raisons "symboliques", car beaucoup d'entreprises américaines entamaient leur année comptable ce jour-là.
Arrive le 1er mai 1886. Beaucoup de travailleurs obtiennent immédiatement satisfaction de leur employeur. Mais d'autres, moins chanceux, au nombre d'environ 340.000, doivent faire grève pour forcer leur employeur à céder.

Le 3 mai, le mouvement de grève continua et beaucoup d’ouvriers se joignirent aux grévistes du 1er mai, paralysant ainsi l’économie de la ville de Chicago. La violence des forces de l’ordre, contenue durant la journée du 1er mai, allait éclater devant les grilles d’une usine de machines et outils agricoles, la McCormick Harvester Works (aujourd’hui International Harvester Corporation) : le patron de cette usine avait remplacé ses employés par 300 "briseurs de grève".
À la sortie de l'usine, ceux-ci furent pris à parti par les grévistes. Brusquement, la police chargea et tira sur la foule pour disperser les manifestants. On compta trois morts parmi les grévistes de la société McCormick Harvester.

Une marche de protestation eut lieu le lendemain, mardi 4 mai.
Elle se termine à Haymarket Square, non loin d’un commissariat de police de Chicago. Dans la soirée, tandis que la manifestation se disperse, il ne reste plus que 200 manifestants face à autant de policiers. C'est alors qu'une bombe explose devant les forces de l'ordre : elle fait une dizaine de morts dans les rangs de la police.

Explosion à Haymarket Square

Du côté des manifestants, le bilan fut également lourd, un mort et de très nombreux blessés. Trois syndicalistes anarchistes sont jugés et condamnés à la prison à perpétuité, et cinq autres sont pendus le 11 novembre 1886 malgré des preuves douteuses.

Les représentants du mouvement ouvrier de Chicago 
- Albert Parsons,
- August Spies,
- Michael Schwab,
- George Engel,
- Adolph Fischer,
- Samuel Fielden et
- Louis Lingg
furent arrêtés, jugés et condamnés à la pendaison.

Parsons, Spies, Fischer, Engel furent exécutés.
Fielden et Schwab réclamèrent la clémence et virent leur condamnation commuée en peine d’emprisonnement à vie.
Quant à Lingg, dont la mort reste un mystère qui n’a toujours pas été éclairci, il se serait suicidé dans sa cellule.
Le procès des "martyrs de Chicago" a inauguré le règne de la terreur pour le mouvement ouvrier. Comme plus tard, le cas de Sacco et Vanzetti et l’affaire Rosenberg, ce procès reste un exemple de la "justice" à la solde des puissants et de l'État.

    Stèle vengeresse :
Sur une stèle du cimetière de Waldheim, à Chicago, sont inscrites les dernières paroles de l'un des condamnés, Augustin Spies :  
« Le jour viendra où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui »


Manifester pour la journée de 8 heures 
Trois ans après le drame de Chicago, la IIème Internationale Socialiste réunit à Paris son deuxième Congrès. Celui-ci se tient au 42, rue Rochechouart, salle des Fantaisies parisiennes pendant l'Exposition universelle qui commémore le centenaire de la Révolution Française.

Les congressistes se donnent pour objectif la journée de travail de 8 heures (soit 48 heures hebdomadaires, seul le dimanche étant chômé). Jusque-là, il était habituel de travailler dix ou douze heures par jour voire beaucoup plus (en 1848, en France, un décret réduisant à 10 heures la journée de travail n'a pas résisté plus de quelques mois à la pression patronale).

Le 20 juin 1889, sur une proposition de Raymond Lavigne, les congressistes de la IIème Internationale Socialiste décident qu'il sera organisé «une grande manifestation à date fixe de manière que dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail et d'appliquer les autres résolutions du congrès.»

Le 1er mai 1891, à Fourmies, une petite ville du nord de la France, la manifestation ouvrière tourne au drame.
Les forces de l'ordre, équipées des nouveaux fusils Lebel et Chassepot, tirent à bout portant sur la foule. Elles feront dix morts, dont huit de moins de 21 ans.

L'une des victimes, l'ouvrière Marie Blondeau, habillée de blanc et les bras couverts de fleurs, devient le symbole de cette journée.


Avec le drame de Fourmies, le 1er Mai s'enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens. Quelques mois plus tard, à Bruxelles, l'Internationale Socialiste renouvelle le caractère revendicatif et international du 1er mai.

Le Traité de Paix, signé à Versailles le 28 juin 1919, fixe dans son article 247 « l'adoption de la journée de huit heures ou de la semaine de quarante-huit heures comme but à atteindre partout où elle n'a pas encore été obtenue ».  
Dès lors, les manifestations rituelles du 1er mai ne se cantonnent plus à la revendication de la journée de 8 heures : elles deviennent aussi l'occasion de revendications plus diverses.

La Russie soviétique, sous l'autorité de Lénine, décide en 1920 de faire du 1er mai une journée chômée. Cette initiative est peu à peu imitée par d'autres pays.

Dans l'Allemagne nazie, Hitler tente de se rallier le monde ouvrier : dès 1933, il fait du 1er mai une journée chômée et payée. La tentative d'instrumentalisation du 1er mai par l'extrême-Droite se poursuit : en France, sous l'Occupation, le Maréchal Pétain transforme “La Journée Internationale des Travailleurs” en “Fête du Travail” (en référence à "Travail - Famille - Patrie").


Le 1er mai en France
Dès 1890, les manifestants du 1er mai ont pris l'habitude de défiler en portant à la boutonnière un triangle rouge. Celui-ci symbolise la division de la journée en trois parties égales : travail, sommeil, loisirs. Le triangle est quelques années plus tard remplacé par la fleur d'églantine.

En 1907, à Paris, le muguet - symbole du printemps en Île-de-France - remplace la fleur d'églantine. Le brin de muguet est porté à la boutonnière, avec un ruban rouge.

Le 23 avril 1919, le Sénat français ratifie la journée de huit heures et fait du 1er mai suivant, à titre exceptionnel, une journée chômée.

Le 1er mai 1936, les manifestations prennent une résonance particulière car elles surviennent deux jours avant le 2ème tour des élections législatives - qui vont consacrer la victoire du Front Populaire et porter à la tête du Gouvernement français le leader socialiste Léon Blum.


C'est pendant l'occupation allemande, le 24 avril 1941, que le 1er mai est officiellement désigné comme la "Fête du Travail et de la Concorde Sociale" et devient chômé.
Cette mesure vise à rendre le Régime de Vichy populaire auprès des ouvriers. L'initiative en revient à René Belin, un ancien dirigeant de l'aile socialiste de la CGT (Confédération Générale du Travail), qui est devenu Secrétaire d'État au Travail dans le gouvernement du Maréchal Pétain...
À cette occasion, la radio officielle ne manque pas de faire de la propagande pour Pétain, en rappelant que le 1er Mai coïncide avec la fête du Saint Patron du Maréchal !, à savoir Saint Philippe.
(ouf ! de nos jours la St Philippe est fêtée le 3 mai... le 1er mai est donc libéré de cette malédiction)

En avril 1947, la mesure est reprise par le gouvernement issu de la Libération, qui fait du 1er mai un jour férié et payé.


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"Dieu et le diable représentent un effort louable de spécialisation dans la division du travail."
Samuel Butler

"À celui qui vous dira qu'il s'est enrichi par le travail, demandez : « De qui ? »"
Don Marquis

"Les économistes ont raison, disait un homme de Bourse : le capital est du travail accumulé. Seulement, comme on ne peut pas tout faire, ce sont les uns qui travaillent et les autres qui accumulent."
Auguste Detoeuf, extrait de Propos d'O.L. Barenton, confiseur 

"Une conséquence immédiate du fait que l'homme est rendu étranger au produit de son travail : l'homme est rendu étranger à l'homme."
Karl Marx


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Sources consultées pour la rédaction de cet article :

mardi 26 avril 2011

Mimétisme








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"Proposons de grands exemples à imiter, plutôt que de vains systèmes à suivre."
Jean-Jacques Rousseau, extrait des Lettres

Alcoolique ou surendetté, il faut choisir


Entendons-nous bien : vous avez le droit d'acheter de l'alcool, mais pas à crédit ; vous avez le droit d'être alcoolique, mais pas endetté.

Hé ouais, faut pas abuser... imaginez que vous mourriez d'une cirrhose avant d'avoir remboursé ?!


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"L'alcool tue lentement. On s'en fout. On n'est pas pressés."
Georges Courteline

lundi 25 avril 2011

Je vous déteste ! Sauf ceux que j'aime (Alphonse Allais et tant d'autres)

Je déteste l'humanité. Mais vraiment hein. Je la trouve stupide. Dangereusement et cruellement stupide. J'en suis arrivée à un point où je ne supporte plus sa bêtise, son inconscience, sa cruauté, son irresponsabilité, son asservissement (à une religion, à une nation, à un compte en banque, à un chef de service...), son esclavagisme salarial et social "librement" consenti, ses lois et impôts (payer pour habiter sur Terre ? Payer pour produire des richesses ? Re-payer pour en jouir ? Un de ces jours les humains paieront l'air qu'ils respirent ou un impôt sur chacun de leurs battements de coeur), son égoïsme et son arrogance qui s'expriment à travers son incroyable capacité à se croire au-dessus de tout : au-dessus des cycles naturels, au-dessus des autres espèces animales, et même au-dessus de ses propres congénères.

Un exemple tout bête : ceux-celles qui vous lâchent la porte à la gueule...
Ca parait relativement logique, et pas très compliqué, de tenir la porte pour celui ou celle qui passe derrière soi. Même moi qui suis en fauteuil roulant, je la tiens la porte si quelqu'un arrive... Hé ben non, faut croire que pour la plupart des humains, c'est un exercice bien trop difficile : 8 fois sur 10, on vous lâchera la porte en pleine tronche. Et si vous gueulez, tout ce que le fautif (ou la fautive, l'imbécilité n'étant pas l'apanage des seuls mâles) trouve à répondre c'est : "je vous avais pas vu"...
Tiens donc ?!

Bref examen de la personne en question : a priori cette personne n'est ni aveugle, ni malvoyante ni borgne. Elle se tient debout, marche et parle (puisqu'elle vient de répondre "je vous avais pas vu"), ce qui suggère que ses facultés cognitives et locomotrices de base sont intactes.
D'autre part, Dame Nature l'a pourvu d'un champ visuel s'étendant de 60° vers le haut, 70° vers le bas, et environ 90° latéralement voire plus, ce qui correspond à un objectif photographique "grand angle" de 180° (voir le schéma ci-dessous) :

champ visuel humain

Cette personne qui vous a lâché la porte dans la tronche au motif qu'elle "ne vous avait pas vu" dispose en outre, comme la plupart de ses congénères de l'espèce humaine, d'une vision binoculaire gérant la 3D, et d'une tête montée sur pivot (le cou) lui permettant de gagner encore en champ visuel.

Ainsi donc, cette personne dispose de l'acuité visuelle nécessaire, de la coordination des mouvements nécessaires (puisqu'elle peut marcher, c'est qu'elle arrive à coordonner ses mouvements, et en toute logique elle devrait aussi pouvoir tenir la porte), et a priori cette personne dispose aussi des millions de connexions neuronales nécessaires lui permettant d'intégrer ces différentes informations et de prendre les décisions / agir en conséquence.
Autrement dit, cette personne est parfaitement et idéalement faite pour vous tenir la porte.
Mais malgré cela, elle ne l'a pas fait.

Deux explications possibles :

- Soit cette personne est manifestement atteinte de troubles sensoriels ou neurologiques sévères et non diagnostiqués, l'ayant empêché de percevoir les informations de son environnement immédiat et/ou l'empêchant de maitriser la coordination des mouvements nécessaires pour réagir adéquatement (et vous tenir la porte) ;

- Soit elle se fout de votre gueule.
Et doublement : en prétendant ne pas vous avoir vu, et au sens premier du terme : c'est-à-dire qu'elle en a rien à foutre de vous, elle s'en fout que vous vous preniez la porte dans la tronche.

Pareil pour ceux-celles qui ne mettent pas leur clignotant (pourtant, ça coûte pas plus cher de l'utiliser hein !), traversent la rue sans regarder (comme si les voitures avaient le pouvoir magique de stopper net), ceux qui jettent leurs emballages par terre (paquets de clope, bouffe, cannettes...la poubelle à 20 mètres de là semble tellement loin !, c'est pas des Vasco de Gama ni des Christophe Colomb ceux-là, j'vous jure....), pour ceux qui ont inventé les mines anti-personnel, etc...

Du nazillon qui saccage des cimetières juifs ou musulmans aux PDG de Monsanto et de compagnies pétrolières qui saccagent la planète, du garagiste qui rejette tous ses déchets dans les égouts de son quartier aux techniciens qui ont construit une centrale nucléaire près d'une faille sismique, de celui qui se gare sur les places pour handicapés à celui qui fait son business avec le "marché" de la santé, du riche qui refuse de partager ses richesses au prolo qui vote pour "travailler plus", de celui qui tire des missiles depuis son hélico de combat à celui qui vous lâche la porte en pleine gueule, de l'invention des frontières à celle de l'argent, du réveil-matin, du salariat et des bombes nucléaires, tout ça participe de la même dynamique : la connerie. L'absurdité. Profonde, cruelle et grotesque.

Grotesque, car tout ceci n'est pas une fatalité ! Tout est fait pour que les êtres humains vivent autrement.
Leurs rythmes biologiques ; la finesse de leur motricité ; l'endurance et la puissance de leurs muscles ; l'étendue et l'acuité de leurs perceptions ; leur nature d'animal social et leur capacité à coopérer, à rire, à partager ; les millions de connexions neuronales de leur cerveau qui sont sensées leur permettent d'apprendre, de créer, d'inventer, trouver des solutions, ressentir de l'empathie, s'émouvoir, réfléchir, (ré)agir.
Les êtres humains disposent de tous les outils nécessaires à leur bonheur. Ils peuvent se sortir de la merde. Ils peuvent s'entraider. Ils peuvent réfléchir à leur propre condition, s'interroger sur le bien-fondé de leur organisation sociale, être sensibles à l'injustice, se révolter, faire preuve de bon coeur et de bon sens.
Ils peuvent.
Et pourtant, la majorité d'entre eux s'en abstiennent volontiers : réfléchir, se sortir les doigts du cul, se soucier des autres ça les intéresse pas ; même tenir une simple porte quelques secondes est au-dessus de leurs possibilités.
Et bien en toute franchise, pour ces gens là je n'ai aucune pitié : il n'y a pire esclavagiste que celui qui refuse de se libérer lui-même. Et je n'ai aucune estime pour les esclavagistes.


Par contre, par contre... il ne faut pas jeter le bébé avec le placenta ^^ et bien que nombre d'êtres humains soient dangereusement stupides au-delà de la limite cosmique et universelle du tolérable, tous ne sont pas faits du même bois pourri envahi par les termites de l'apathie ou de la cupidité.

Certains humains, rares et précieux, célèbres ou inconnus, défient tout déterminisme social, familial, religieux,  communautaire ou institutionnel : ils sont, souvent dès leur jeune âge, sensibles, curieux, drôles et perspicaces, voire insolents, touchés par les injustices, intelligents (bien que souvent leurs performances scolaires ne s'en ressentent pas, car comme chacun sait l'école n'est pas faite pour apprendre à réfléchir, mais pour apprendre bêtement et former une main d'oeuvre utile, et rentable, sur le marché économique) et autodidactes. Scientifiques sans domaine d'expertise, la vie, le monde et leurs semblables sont le terrain de jeu de leurs observations et expérimentations.
Certains prennent la plume, d'autres le pinceau, d'autres les tribunes, d'autres encore l'épée ; et tous sont pourvus de ce qui fait tant défaut aux autres êtres humains : un cerveau, un coeur, et des couilles.
Et ceux-là, je les aime :)

Il en est ainsi par exemple d'Alphone Allais (1854-1905), journaliste, écrivain, poète, photographe, peintre et humoriste acerbe de La Belle Epoque. Ce touche à tout s'essaya aussi à des travaux scientifiques : travaux sur la photographie couleur, sur la synthèse du caoutchouc, dépôt d'un brevet pour du café lyophilisé... mais c'est principalement pour son humour noir et incisif qu'il est connu.

Fils de pharmacien, il préféra passer son temps sur les terrasses des cafés ou dans les Jardins du Luxembourg. Son père lui coupa les vivres, et Alphonse Allais s'essaya à la photographie (sans grand succès) puis au journalisme, en publiant des chroniques loufoques. A cette époque, il fait également partie de divers groupes fantaisistes et décalés, comme Les Fumistes, Les Hydropathes ou Les Hirsutes. En 1880, après avoir finalement terminé ses études de pharmacie, il devient collaborateur du journal Le Chat Noir puis en devient directeur. Il continue toutefois de publier des chroniques ou des contes pour d'autres revues et journaux. A l'aube du 20ème siècle, il devient rédacteur en chef d'un journal intitulé Le Sourire, et continue à publier de nombreux recueils. Il s'essaya aussi à la politique, faisant partie d'une liste électorale et préconisant la mort de la Bureaucratie :
"L'origine de tous ces mots, citoyens, n'allez pas la chercher plus loin : c'est le microbe de la bureaucratie. Or, on ne parlemente pas avec les microbes : ON LES TUE. (...) Jetons par-dessus bord paperasses et registres, et, avec les ronds-de-cuir de ces incapables, faisons des bouées de sauvetage. (...) Vive la République libre et sans bureaux ! Albert Caperon, dit CAPTAIN CAP"
extraits de l'affiche électorale pour l'élection législative du 20 août 1893

(Le Captain Cap est un  personnage créé par Alphonse Allais dans son livre du même nom)

Il meurt d'une embolie pulmonaire consécutive à une phlébite. Son médecin lui avait bien prescrit un repos total en position allongée, mais Alphonse Allais ne put se résoudre à quitter ses amies de toujours : les terrasses de café ;)  Un jour, alors qu'un ami le raccompagnait à son domicile après une halte au bistrot, il lui dit ceci : "Demain, je serai mort ! Vous trouvez ça drôle, mais je ne ris pas. Demain, je serai mort !" et comme il l'avait annoncé, il mourut le lendemain.
Il fut enterré au cimetière de Saint-Ouen. Ironie du sort, la tombe d'Alphonse Allais (dont nombre des calembours et critiques visaient l'Armée, entre autres) fut pulvérisée par une bombe de la Royal Air Force pendant la Seconde Guerre Mondiale...

Véritable magicien de l'absurde et conteur hors-pair, Alphonse Allais a laissé derrière lui l'image d'un homme impertinent aux réflexions pertinentes, à l'humour acide et aux remarques acerbes.

Voici quelques-unes de ses plus splendides, absurdes et géniales créations ;)

- Alphonse Allais est semble-t-il l'auteur des premières peintures abstraites ; son goût immodéré pour l'absurde se retrouve notamment dans son monochrome "Récolte de la tomate sur les bords de la Mer Rouge par des cardinaux apoplectiques" (ha ha ^^'), présenté au Salon des Arts Incohérents.

- Il est aussi l'auteur de la première composition musicale minimaliste : sa "Marche Funèbre composée pour les Funérailles d'un Grand Homme Sourd" est une page vierge !, car comme chacun sait : les grandes douleurs sont muettes ^^'

- "J'ai toujours remis au surlendemain ce que j'aurais parfaitement pu faire l'avant-veille."

- "C'est l'humanité qui a perdu l'homme. Dire que cet idiot-là aurait pu être le plus heureux des animaux, s'il avait su se tenir tranquille. Mais non... il a inventé la civilisation."

- "La civilisation, qu'est-ce que c'est, sinon la caserne, le bureau, l'usine, les apéritifs, et les garçons de banque ?"

- "J'ai rencontré dans la vie plusieurs animaux pas beaucoup plus idiots que bien des électeurs."

- "L'homme est si peu le roi de la nature, qu'il est le seul de tous les animaux qui ne puisse rien faire sans payer."

- "C'est curieux comme l'argent aide à supporter la pauvreté..."

- "Faut-il que les hommes soient bêtes de fabriquer des machines pour se tuer... comme si on ne claquait pas assez vite tout seul !"

- "L'homme est imparfait mais ce n'est pas étonnant si l'on songe à l'époque où il fut créé."

- "La grande trouvaille de l'armée, c'est qu'elle est la seule à avoir compris que la compétence ne se lit pas sur le visage. Elle a donc inventé les grades."

- "La statistique a démontré que la mortalité dans l'armée augmente sensiblement en temps de guerre."

- "Ah ! le vieux rêve des gens honnêtes : pouvoir tuer quelqu'un en état de légitime défense."

- "Il faut prendre l'argent là où il se trouve, c'est-à-dire chez les pauvres. Bon d'accord, ils n'ont pas beaucoup d'argent, mais il y a beaucoup de pauvres."

- "On devrait pouvoir ouvrir des écoles pour professeurs inadaptés." 
(ha ha ^^ je l'adore celle-là ^^' et tellement contemporaine !)

- "Les asiles d'aliénés comportent dans leur personnel des internes et des internés. Entre ceux-ci et ceux-là, ne se dresse que l'épaisseur d'un accent aigu."

- "Il y a des types qui croient ressembler à Napoléon parce que leur femme s'appelle Joséphine."

- "Il est toujours avantageux de porter un titre nobiliaire. Etre "de quelque chose", ça pose un homme, comme être "de Garenne", ça pose un lapin."

- "Non, la stérilité n'est pas héréditaire."

- "L'avantage des médecins, c'est que lorsqu'ils commettent une erreur, ils l'enterrent tout de suite..."

- "Je ne suis pas de ceux qui s'imaginent qu'ils n'ont qu'à ouvrir la bouche pour que les alouettes tombent rôties. Non, mais tout de même j'ouvre la bouche de temps en temps."

"- Vous n'y allez pas par quatre chemins !
- Jamais ! Un seul, c'est plus court."

C'est quoi Pâques ?



Des cloches qui s'en reviennent de Rome chargées d'œufs ; des lapins et des poules en chocolat qui se promènent dans les jardins ; des chrétiens, des juifs et des païens à la fête : mais qu'est-ce qui se passe ?
C'est Pâques !

Mais c'est quoi, Pâques ?

Hé ben, ça dépend : comme la plupart des fêtes - Halloween par exemple - les origines de Pâques sont multiples, et s'y rajoutent des légendes, des traditions, des religions, et des inventions du service marketing chocolatier... alors autant vous dire que le monde de Pâques est vaste.

Pour faire court... (ou presque) :


Pour les non-croyants, Pâques c'est la célébration du printemps et du renouveau
Il y a bien longtemps, bien avant les religions à Dieu unique et les publicités pour le chocolat industriel, il était d'usage pour les "païens" de fêter le retour du printemps, aux alentours de la date de l'Équinoxe de printemps justement. Plusieurs symboles de Pâques et plusieurs coutumes encore pratiquées aujourd'hui s'en inspirent.
Par exemple :

- Les œufs de Pâques
L'œuf symbolise la vie et la renaissance, et il est de tradition d'offrir des œufs (frais, ou vidés et décorés) pour célébrer l'arrivée du printemps et le retour de la nature à la vie après les longs mois d'hiver.

- Le lièvre, le lapin, la poule
Ces animaux symbolisent l'abondance, la fertilité, le renouveau.

- Le chocolat
Autrefois, les gens - majoritairement paysans - s'offraient à Pâques des animaux (bétail, basse-cour) ou des aliments frais, bref de la bonne nourriture, pour symboliser la fin des rigueurs et des restrictions de l'hiver. Avec le temps le strict besoin de se nourrir a laissé place à la gourmandise, et les poules en chocolat ont remplacé les poules vivantes (au grand soulagement de ces dernières, comme vous pouvez l'imaginer).

- Le pain de viande
Symbolisant lui aussi le retour de l'abondance de nourriture, il est de tradition de faire de grands pains parsemés de morceaux de viande, que l'on partage avec ses proches (famille, amis, voisins, villageois).


Pour les juifs : Pessah, la libération du peuple hébreu
Selon les croyances propres à cette religion, la Pâque juive ("Pâque" sans "s") célèbre l'exode et la libération du peuple hébreu. Les juifs étaient esclaves en Égypte et ont fui, entamant un exode de 40 ans à travers le désert avant d'arriver en "Terre Promise".
Oui, 40 ans c'est long, surtout en plein désert et sans GPS. 
Ce fut donc une terrible épreuve, mais à l'issue de laquelle le peuple hébreu fut libéré de son esclavage. La Pâque juive, Pessah, dure 7 à 8 jours : il s'agit de se remémorer ces 40 années de souffrances et privations dans le désert, et de célébrer la libération qui suivit.
Pessah a toujours lieu le mois "Nissan" (oui, comme la marque automobile ; mais non, ça n'a rien à voir), ce qui correspond aux mois de mars-avril (ça dépend des années), et donc au printemps.


Pour les chrétiens : la crucifixion et la résurrection de Jésus
Selon les croyances propres à cette religion, les fêtes de Pâques chrétiennes ("Pâques" avec un "s") célèbrent la mort et la résurrection de Jésus, Fils de Dieu (oui, Jésus c'était pas n'importe qui).

Elles débutent par le Carême : 40 jours de jeûne (excepté les dimanches) où il est interdit de consommer de la viande, en "souvenir" du séjour et des privations de Jésus dans le désert, qui dura 40 jours.
Le Carême débute le Mercredi des Cendres (les croyants se faisant marquer le front par une croix faite de cendres de rameaux bénis, rappelant la fragile condition de l'humain qui n'est "que poussière") et culmine la Semaine Sainte, la semaine précédant le dimanche de Pâques.

S'ensuit la Semaine Sainte. Elle commence avec le Dimanche des Rameaux, qui célèbre l'entrée solennelle de Jésus à Jérusalem.
Vient le Jeudi Saint, célébrant le jour de la Cène (le dernier repas de Jésus avec ses disciples), où Jésus instaura l'Eucharistie en partageant le pain ("mangez, ceci est mon corps") et le vin ("buvez, ceci est mon sang"), la veille de son arrestation.
 

Puis le Vendredi Saint : la "Passion du Christ" et sa mort sur la croix.
La Semaine Sainte s'achève par la veillée pascale, dans la nuit du samedi au dimanche de Pâques.

Enfin, lors du dimanche de Pâques, les chrétiens célèbrent la résurrection de Jésus.

(et on se demande bien pourquoi son public l'aime tant : à peine ressuscité, il est reparti aussitôt vers les Cieux. On aurait pu penser qu'une résurrection, quand même, ça vaudrait bien une conférence de presse ou une séance de dédicaces ! Eh ben même pas. Remarquez, je le comprends : les romains l'attendaient au tournant, et Jésus n'avait sûrement pas envie d'être crucifié une deuxième fois. Jésus c'est pas un chat, il a pas neuf vies).


Les cloches et le lièvre de Pâques

Les clochers des églises sonnent tous les jours, sauf du Vendredi Saint (jour de la crucifixion) au Dimanche de Pâques (jour de la résurrection).
Ainsi naquirent les "Cloches de Pâques" : on disait alors que les cloches s'en étaient allées à Rome, et qu'elles revenaient le dimanche chargées d'œufs de Pâques.
(Mais où les cloches trouvent-elles ces œufs ? Bonne question. J'étudie la piste de poulaillers clandestins dans les sous-sols de Rome)

Dans les pays germaniques, c'est le "Lièvre de Pâques" qui ramène les œufs. Il court il court avec ses grandes papattes jusqu'à Rome (Rome étant vraisemblablement le centre névralgique des opérations chocolatières pascales), et puis il revient dare-dare (d'où les autoroutes allemandes sans limitation de vitesse, conçues à cet effet) pour distribuer les œufs en chocolat aux enfants !
Qu'il est fort ce lièvre des pays germaniques tout de même. Et oui, y'a pas que les bergers allemands qui ont du talent.



Pour les habitant-e-s de South Park : le Fantastique Mystère de Pâques
Dans l'épisode 05 de la saison 11, Stan découvre que sa famille est impliquée dans une société secrète persuadée que le vrai Pape n'est autre qu'un... lapin.
Preuve n°1 : la Mitre Papale est parfaitement taillée pour être placée sur la tête d'un lapin.
Preuve n°2 : Saint Pierre lui-même, premier Pape, était un lapin, comme en témoigne la (vraie) Cène peinte par De Vinci.
Preuve n°3 : l'Église fait tout pour étouffer l'affaire et empêcher la vérité d'éclater au grand jour.


Bref, c'est mal parti pour Stan et sa famille, aux prises avec une Église qui ira jusqu'à tuer pour que le Pape-lapin ne reprenne jamais la place qui lui revient.
Mais c'est sans compter sur le retour de Jésus ressuscité !, qui était mort en Irak en sauvant le Père-Noël (saison 06 épisode 17), et qui est bien décidé à faire valoir les droits légitimes du Pape-lapin.
Malheureusement, Jésus revient en tant que simple être humain, c'est-à-dire sans supers-pouvoirs divins. Pour les récupérer et sauver la situation, il lui faudra se faire tuer à nouveau : c'est Kyle, petit garçon juif de 9 ans, qui s'y colle.


Pâques chez les Fées
Bien évidemment les fées fêtent Pâques (on fête à peu près tout ce qui se fête). Mais Pâques est un sujet "sensible". Il y a bien longtemps, un Kinder Surprise Ultra Méga Maxi Géant de Pâques (un prototype, le projet a été abandonné depuis - et pour cause) atterrit par accident au beau milieu de nos contrées féériques et fondit entièrement au soleil. Bilan : la plus grosse marée noire de chocolat au lait de tous les temps. Un déluge cacaoté sans précédent (sauf le Déluge, mais il n'était pas cacaoté, lui), on a mis plus de trois mois à tout nettoyer (d'où l'expression "faire le ménage de printemps" qui fut  inventée à cette occasion). Depuis lors les festivités de Pâques au Pays Magique sont restées liées à ce souvenir douloureux, pénible et poisseux.

Mais pas question que les Fées abandonnent Pâques pour autant, on s'est adaptées voilà tout : pour le chocolat, c'est M&M's ou rien ! (parce que comme on dit chez nous : "ça fond dans la bouche, pas sur les nains de jardins")


En conclusion...
Qu'il s'agisse de la fête du Printemps, de la Pâque juive, des Pâques chrétiennes ou de celles des habitants de South Park ou du Pays Magique, Pâques conserve globalement la même signification : le retour de la vie, la fin des souffrances / des privations, le renouveau.


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"Fêtes nationales ?... Fêtes religieuses ?... Le peuple n'est pas toujours tellement regardant quant à l'origine de ses joies. Pourvu qu'il s'amuse, il n'en demande pas davantage."
Francis Blanche

dimanche 24 avril 2011

Révolutionnaire : le suicide patronal

Enfin une bonne nouvelle ^^'


Oh ça va hein !, si on peut plus se réjouir des petits bonheurs simples...


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"Plus mon cigare raccourcit, et plus je dois tendre le bras vers le cendrier. Un patron aussi a ses soucis."
Philippe Geluck, extrait de Le Meilleur du chat

"C'est un crime contre l'Etat, le suicide. Un suicidé, c'est un soldat de moins, un contribuable de moins."
Jean Giraudoux


lundi 18 avril 2011

Les conférences TED : 20 minutes maxi pour changer le monde

Avez-vous déjà entendu parler des "Conférences TED" ?
En gros, le principe est simple : c'est un genre de conférence où se succèdent des personnes de tous horizons (du chercheur en physique quantique au jardinier amateur, en passant par une foultitude d'autres domaines) et ils ont 20 minutes maxi pour présenter une idée, un concept, ou partager une réflexion sur la vie / la société, capable de "changer le monde" ou de faire avancer l'humanité.

Alors, 20 minutes maxi pour changer le monde, c'est jouable ?!
A défaut de changer l'humanité, bien des intervenant-e-s dans les conférences TEDx ont le mérite de la faire réfléchir, de la repenser, et surtout de la questionner.

Et puis on apprend plein de trucs en 20 minutes maxi !, et c'est bien moins ennuyeux que sur les chaises d'une école ou les bancs d'une fac...

Faites-vous votre propre idée avec ces vidéos (mes favorites tant qu'à faire ^^) de quelques conférences TEDx :

- "Y a-t-il une vie avant la mort ?"  école, métro, boulot, caveau... c'est ça, "vivre" ?
Judicieuse question posée par Pierre Rabhi, qui fut arraché à sa tranquille vie dans une oasis du désert algérien pour atterrir brutalement dans le monde "moderne" et capitaliste français. Ouvrier, philosophe, agriculteur et écrivain (comme quoi hein ^^) sa vision de la vie et de la société est bouleversante, et sa démonstration magistrale : http://www.tedxparis.com/pierre-rhabi-y-a-t-il-une-vie-avant-la-mort

- "L'internet des objets", par Rafi Haladijan.
En parfaite continuité avec la vidéo précédente, Rafi Haladijan s'évertue à montrer l'intérêt et la beauté, mais aussi et surtout l'absurdité et l'incongruité du "progrès" et des "innovations" technologiques. Innovation ou révolution ? Au bénéfice de qui ? Et pour quels résultats ? Bref : le progrès c'est bien, mais... qu'est-ce qu'on en fait ?
http://www.tedxparis.com/rafi-haladjian-linnovation-radicale

- "L'agriculture sans eau", par Jacky Dupéty.
Une agriculture sans arrosage, sans engrais ni pesticides synthétiques, sans entretien particulier, c'est possible ? Il semblerait bien ! Il suffit de broyer des rameaux et d'en éparpiller une bonne couche sur le sol, et la nature fait le reste. Méga simple. Encore fallait-il y penser... http://www.tedxparis.com/jacky-dupety-lagriculture-sans-eau

- "Après l'argent", par Jean-François Noubel.
La fin de l'argent ? Une autre économie ? On n'est pas les seuls à y penser ;)
http://www.tedxparis.com/jean-francois-noubel-la-fin-de-largent

A partir d'ici, hop hop hop, ouvrez grands vos neurones ! La physique, les sciences et l'Univers comme vous ne les avez jamais vu... Mais attention, on peut aller loin, très loin même : jusque dans la quatrième dimension !! Impossible me dites-vous ? Que nenni ! C'est que vous n'avez pas encore vu cette vidéo ;)

- "Les quatre paradoxes de la vitesse", par Jean-Louis Servan Schreiber.
http://www.tedxparis.com/jean-louis-servan-schreiber-les-quatre-paradoxes-de-la-vitesse

D'autres conférences TEDx sur une foultitude de sujets pour vous aérer les neurones, c'est par ici : http://www.tedxparis.com/


PS : non, je ne suis pas sponsorisée par TEDx ^^
J'ai découvert ça il y a peu de temps, et j'aime bien ! Bon, évidemment, j'aime pas tous les intervenants... je suis pas une hippie qui aime tout l'monde moi, attention hein ^^  Mais 20 minutes pour repenser le monde, l'humanité, la société autrement, je trouve que c'est un concept très intéressant. Et beaucoup des interventions sont, elles aussi, super intéressantes.
En plus, on peut regarder ces vidéos gratuitement, et de manière illimitée !! Si c'est pas un bon plan, ça...


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"On peut dire tout le mal qu'on veut d'une vie dans le péché, elle est pourtant propice à la culture générale."
Hjalmar Bergman, extrait de Jonas et Helen

"L'homme-individu est essentiellement famille, tribu, nation. Tandis que l'humanité, elle, n'a pas encore trouvé autour de soi d'autres Humanités pour se pencher sur elle et lui expliquer où elle va."
Pierre Teilhard de Chardin, extrait de L'Apparition de l'Homme

mercredi 13 avril 2011

La Vieille... révolutionnaire

J'aime énormément cette chanson, qui s'appelle "La Vieille". En découvrant les paroles, vous comprendrez bien vite pourquoi ;)



J'ai pas besoin de vous pour ranger mes vêtements,
Partez vous m'encombrez, dit La Vieille en sautant
Pieds-joints sur sa valise, on aurait dit Popeye
Elle avait encore la souplesse des abeilles
Et d'un pas décidé vers la gare Saint-Lazare,
Tandis qu'on f'sait semblant de pleurer son départ,
Elle s'en allait gaiement son bagage à la main
Avec deux ou trois pauses pour se tenir les reins

J'ai pas besoin de vous, dit-elle au contrôleur
Pour porter ma valise, j'en ai pour un quart d'heure
L'hospice est en banlieue, on dit qu'c'est un château
Où les vieux jouent au Scrabble et aux petits chevaux
Moi j'ai horreur de ça, comprenez-vous monsieur
Je n'aime que les westerns avec plein de coups d'feu !
J'ai vu quatorze fois "L'infernale Chevauchée"
Je vous l'raconterai bien mais nous sommes arrivés

J'ai pas besoin de vous, dit-elle à l'infirmière
Pour déplier mes draps, laissez-moi j'ai à faire
Alors de sa valise, à l'abri des regards,
Elle sortit vingt bouteilles d'un célèbre pinard
Descendit au salon, où les vieux et les vieilles
Jouaient aux petits chevaux en se grattant l'oreille :
"Bonsoir messieurs mesdames, je m'appelle Fanchon !
L'un d'entre vous n'aurait-il pas un tire-bouchon ?"

J'ai pas besoin de vous, disait-elle au médecin
En élevant vers lui son troisième verre de vin
Tandis que les vieillards autour de la pendule
Chantaient à quatre voix "La grosse bite à Dudule !"
Et l'on vit ce spectacle, ô combien ravissant,
De quatre-vingt gâteux quittant l'établissement
Afin de ratisser les hospices du pays
Arrachant à la mort des moribonds surpris...

J'ai pas besoin de vous, disait-elle au curé
Qui, au chevet d'un vieux, s'esquintait à prier
Vous voyez bien que ce cadavre n'est pas mort,
Il ne respire plus par contre il bande encore
Un petit coup d'branlette le remettra sur pattes,
Comme un coup d'manivelle sur une vieille Juva 4 !
Le prêtre révulsé tombait les bras en croix,
Il respirait encore mais il ne bandait pas

"J'ai pas besoin de vous" claironnaient tous les vieux
Chaque fois qu'un Député voulait s'occuper d'eux :
"Car vous n'avez pas su vous occuper de nous
À l'âge où nous avions encore confiance en vous
Tous les moyens sont bons pour gagner la coupole
Si les morpions votaient vous auriez la vérole !
En tant qu'improductifs, nous ne produirons pas
Un imbécile de plus à la tête de l'État."

Elle fit un bras d'honneur, on aurait dit Popeye
Elle avait encore la souplesse des abeilles


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“Les politiques, qui ont trouvé tant de moyens d'étouffer la liberté où elle est née, n'en ont encore trouvé aucun pour l'empêcher de naître et de faire explosion là où elle ne s'est montrée jamais.”
Edgar Quinet, La Révolution


"Les bonnes idées n'ont pas d'âge, elles ont seulement de l'avenir."
Robert Mallet, Apostilles ou l'utile et le futile

lundi 11 avril 2011

11 avril, loi "contre le voile" : Braqueurs de banques et femmes en burqa en colère

11 avril 2011 : la loi "contre le voile" dans les espaces publics entre en vigueur. 
Les femmes en burqa et les braqueurs de banque n'ont pas très bien pris la nouvelle, alors voyons voir ce qu'il en est, pour de vrai, loin des fantasmes querelles de clochers et de minarets.


Ce n'est pas une loi contre les musulmans, puisque tout le monde est concerné.
En effet, la loi dispose que « nul ne peut, dans l’espace public, porter une tenue destinée à dissimuler son visage », et sont notamment interdits le port de cagoules intégrales, de voiles intégraux (burqa, niqab…), de masques ou de tout autre accessoire ou vêtement rendant impossible l’identification de la personne. 


Ce n'est donc PAS une loi contre le voile non plus, puisque le voile ne dissimule pas le visage.
Il n'y a donc que le port du niqab et de la burqa, dans les lieux publics, qui sont interdits :



On a vu pire comme "loi liberticide", hein... Les lois religieuses, par exemple.


Quelques exceptions sont prévues : dans le cadre de pratiques sportives, de manifestations festives, ou d'activités illicites type braquage de banque.
Ah non zut : pour les braquages de banque, pas d'exception. Du coup, il faudra que les braqueurs aillent braquer les banques à visage découvert, comme tout l'monde. On comprend mieux leur colère.


Que risquent les braqueurs de banque - et les femmes - si ils/elles n'obéissent pas à cette loi, en portant des cagoules/la burqa malgré tout ?
Pour le braquage, bon... ils risquent un paquet d'emmerdes dont la liste est longue comme le bras de l'homme élastique.
Pour le port de la cagoule, de masque, du niqab ou de la burqa durant le braquage ou dans un lieu public, ils encourent une amende allant jusqu’à 150 euros et / ou un « stage de citoyenneté »
Les boules. Faire un stage de citoyenneté, pour un braqueur ça fait tâche sur le CV.


Où est-il interdit de porter le masque de V pour Vendetta, un casque intégral de moto, ou la burqa ?
Dans tous les lieux publics : transports en commun, voies publiques, commerces, centres commerciaux, établissements scolaires, bureaux de poste, hôpitaux, tribunaux, banques, administrations,  etc… sans oublier les plages (en particulier les plages nudistes, évidemment), les jardins publics, les promenades publiques, les sentiers de promenade en forêt, et tous autres lieux dont l’accès est ouvert au public. Les lieux publics quoi.


Et Dieu dans tout ça ?
Aux dernières nouvelles (les dépêches de l'AFP), il ne s'est pas exprimé sur le sujet.
Qui ne dit mot consent. Je dis ça je dis rien.


Et les Super-Héros dans tout ça ?
La loi ne précise pas si il y aura une exception pour autoriser le port du masque pour les Super-Héros.
Le Syndicat Anarchiste des Super-Héros (SASH) et la Fédération Communiste des Super-Méchants (FC-SM... oui je sais) font d'ores et déjà savoir qu'il est absolument impensable que Batman travaille sans son masque, idem pour Spider-Man, Superman, Zorro, Belphégor, Fantomas, le Professeur Chaos, le Dr Mad, Darkwing Duck, Darth Vader etc...

Darth Vader, farouche opposant à la loi visant à interdire les tenues dissimulant le visage dans les lieux publics


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- Je vous présente le colonel Vincent : "Super Résistant"
- Dois-je vous appeler "Super" ou "Résistant" ?
- "Super", pas de chichis.
Jean-Marie Poiré, dialogue du film Papy fait de la Résistance

dimanche 10 avril 2011

Grossesse - Avortement - Sensibilité du fœtus à la douleur

À propos de l'avortement

"On parle du droit à la vie, mais jamais du droit à la non-existence.
Est-ce que vous avez décidé de naître ? Non, sans doute, mais ensuite, débrouillez-vous, même si vous naissez au Sahel en période de famine."
Henri Laborit, Dieu ne joue pas aux dés


Parfois, on tombe enceinte sans le vouloir : accident de préservatif, oubli de pilule, viol, difficultés d'accès ou manque d'information sur la contraception, etc..
Des fois, on tombe aussi enceinte parce qu'on désire avoir un enfant, évidemment ^^
Bref.

Parfois on tombe enceinte, 
des fois on décide de poursuivre la grossesse à terme, 
et des fois, non : on décide d'interrompre la grossesse, c'est-à-dire d'avorter.

Je ne vais pas me mêler de votre décision d'avoir un bébé ou pas, tout de suite ou plus tard, ou jamais, mais j'aimerais simplement vous donner des éléments objectifs pour que vous puissiez faire votre choix.

Et pour faire votre choix, prendre votre décision, il vous faudra probablement affronter (au moins) deux grandes questions : 
Est-ce que avorter c'est tuer ?
Est-ce que le bébé (en fait : le fœtus ou l'embryon) souffre, éprouve des douleurs, quand on avorte ?


Est-ce que "avorter c'est tuer" ?

Qu'est-ce que "la vie" ? Quand commence-t-elle ?
Grand débat que voilà, tant éthique, religieux, philosophique que scientifique, et nullement tranché même aujourd'hui.
Si l'on sait avec certitude quand finit une vie, déterminer son "début" est plus difficile.

La vie commence-t-elle dès que la première division cellulaire commence ?
Quand l'embryon se fixe dans l'utérus ?
Quand on passe du stade embryonnaire au stade fœtal ?
Dès que le cœur bat ?
Ou dès que les poumons se remplissent d'air ?
Quand l'enfant se pose comme un sujet et une individualité, en disant son premier "Non" ?

On pourrait en débattre des heures, des siècles même (et c'est le cas d'ailleurs).
J'aimerais apporter à cette question cruciale une réponse "neutre", mais l'honnêteté est de vous dire qu'il n'y en a pas. Les débats continuent, et sont toujours âpres, voilà pourquoi la législation autour de l'avortement évolue constamment. Pour une féministe radicale, un avortement même pratiqué au 2nd trimestre de grossesse (c'est permis dans d'autres pays, pas en France) n'est pas un meurtre. Pour un croyant intégriste, un avortement est toujours un crime et ne doit jamais être légalisé. Pour certains, un embryon ou un fœtus est "un amas de cellules" dont on peut se débarrasser sans aucun problème de conscience. Pour d'autres, toute vie humaine est sacrée et doit être protégée, et ce dès le début de la grossesse.
Qui croire ? Qui a raison ?
Vous.
C'est vous qui prendrez la décision d'avorter ou non, en fonction de vos convictions, de votre histoire personnelle, de vos possibilités, de votre ressenti.
Néanmoins, une chose est sûre : cet "amas de cellules" vit, se développe et grandit. Lorsqu'on pratique une "interruption volontaire de grossesse" on n'interrompt pas que la grossesse de la femme : on "interrompt", on met fin à la vie qu'elle porte. Ce n'est pas anodin.
Mais poursuivre une grossesse, avoir un enfant, s'assurer de pouvoir subvenir à ses besoins ce n'est pas anodin non plus.
Voilà pourquoi la décision d'avorter ou non n'est jamais facile, et ne devrait jamais l'être : car les questions de vie et de mort ne le sont pas, et ne le seront jamais.


Est-ce que les embryons / fœtus souffrent quand on avorte ?

La réponse rapide - pour les gens pressés et qui ont la flemme de lire la suite - c'est : NON.
Si on respecte les délais légaux dans lesquels on pratique l'avortement en France, le "bébé" - ou plus précisément l'embryon ou le fœtus - n'est pas assez développé pour ressentir de la douleur au sens où nous l'entendons.

Si vous voulez comprendre comment / pourquoi, il faut se pencher plus avant sur tout ça.
Quelle chance vous avez !, j'ai fais le boulot pour vous (oui, remerciez-moi et faites-moi des bisous. Et érigez une statue à ma gloire, si vous avez le temps.)

Première étape : comprendre ce qu'est un avortement, c'est déjà comprendre comment on calcule l' "âge" de l'embryon / du fœtus, et donc comment on détermine le début de la grossesse.

Seconde étape : comprendre ce qu'est un avortement, c'est aussi comprendre comment se déroule le début d'une grossesse et les premières semaines du développement du fœtus.

1) Au niveau médical, on calcule la durée de la grossesse en semaines d'aménorrhée (SA), c'est-à-dire en semaines sans règles.
Comme il faut définir un moment précis pour délimiter le début de la grossesse, mais qu'on ignore à quel moment exact le spermatozoïde féconde l'ovule (car le spermatozoïde envoie rarement un SMS pour prévenir.. le spermatozoïde aime les surprises), on a choisi un repère fiable : le premier jour des dernières règles.
Le début d'une grossesse est donc fixé "arbitrairement" au premier jour des dernières règles.

Je dis "arbitrairement" car le repère choisi - le premier jour des dernières règles - ne correspond pas à "l'âge réel" du fœtus ; il s'agit d'un repère pour évaluer le début de la grossesse, nuance.
Pour évaluer "l'âge"du fœtus - le moment où l'ovule a été fécondé par un spermatozoïde - on procède comme suit :
* vu qu'on ne peut pas tomber enceinte pendant la semaine où on a ses règles (logique...),
* et vu qu'il faut que le cycle suivant ait commencé pour qu'un autre ovule soit "relâché dans la nature" et puisse être fécondé (re-logique),
* la fécondation de l'ovule par le spermatozoïde ne peut avoir lieu qu'environ DEUX semaines après la date de "début officiel" de la grossesse.

Donc :
quand on dit par exemple qu'une femme en est à sa 7ème semaine "de grossesse" (7 semaines d'aménorrhée), l'embryon lui n'a que 5 semaines, puisque l'ovule dont il est issu a forcément été fécondé environ 2 semaines après les dernières règles.
Autre exemple : quand une femme en est à 14 SA (semaines d'aménorrhée), le fœtus a en réalité 12 semaines.
Autrement dit : il ne faut pas confondre les SA (semaines d'aménorrhée, durée de la grossesse) et l' "âge" de l'embryon ou du fœtus. Il y a un décalage (de deux semaines) entre le début "officiel" de la grossesse, et l' "âge" réel de l'embryon / du fœtus.

Vous pourriez me dire : on s'en fout !
Mais non on s'en fout pas : deux semaines de décalage, savoir faire la différence entre le début de la grossesse et l' "âge réel" de l'embryon / du fœtus, c'est capital quand on parle de délais d'avortement ou de sensibilité embryonnaire ou fœtale à la douleur.

Par ailleurs, sachez que, par convention, on parle plutôt en SA (semaines d'aménorrhée) qu'en "âge de fœtus" : on dira par exemple "Madame Gétouleutan-Envidefaireupipi en est à 12 SA", et on en déduira que le fœtus a 10 semaines.
Enfin, sachez qu'une grossesse dure environ 9 mois, soit 40 SA.

Maintenant, penchons-nous sur le début de la grossesse. Comment ça se passe ?



2) Un vaillant spermatozoïde arrive en héros jusqu'au bout de son périple, et fête ça en fécondant un ovule qui passait dans le coin. L'ovule fécondé entame alors son périple à lui : destination l'utérus, où il "nidifiera" (s'implantera) et se développera.
Ça prend quelques jours. Durant ce voyage, ce n'est pas encore un embryon : on parle d'ovule fécondé.


3) L'ovule fécondé arrive enfin en grand winner dans l'utérus, sans s'être perdu en chemin (une performance, il n'a même pas de GPS) : ça y est, c'est un embryon.
On parle d'embryon jusqu'à la 8ème à 10ème semaine après la fécondation de l'ovule.


4) Passé le stade d'embryon, qui dure 8 à 10 semaines, il devient un fœtus, et ce terme "fœtus" reste valable jusqu'à la fin de la grossesse.

ATTENTION : le mot "fœtus" est donc un terme un peu "trompeur", parce qu'un fœtus de 12 semaines et un fœtus de 31 semaines par exemple, c'est évidemment pas du tout du tout pareil...
C'est justement le genre de confusion dont aiment se servir les militants anti-avortement pour faire croire que "les fœtus" souffrent quand on avorte : or, un fœtus de 31 semaines peut ressentir de la douleur ; mais pas un fœtus de 12 semaines (limite maximale jusqu'à laquelle les avortements sont pratiqués en France).


5) En France, on a le droit d'avorter jusqu'à 14 SA (semaines d'aménorrhée) : on avorte donc soit d'un embryon, soit d'un fœtus de 12 semaines maximum. On a ainsi "la garantie" qu'il ne souffre pas, car les fœtus ne peuvent ressentir de douleurs qu'à partir de 26 SA (cf. plus bas).


6) Connaître quelques étapes du développement embryonnaire et fœtal jusqu'au terme légal d'avortement :

* 5ème SA (embryon de 3 semaines) : les premiers organes commencent à se former, une circulation sanguine se met en place, et le cœur (disons un ensemble rudimentaire de cellules cardiaques) bat.

* 6ème SA (embryon de 4 semaines) : le tube neural (ébauche du système nerveux) se ferme, étape nécessaire pour permettre le développement futur du cerveau et de la moelle épinière ; les premières cellules du cerveau se forment.

* 8ème SA (embryon de 6 semaines) : ébauche de cortex (la membrane grise qui enveloppe le cerveau).

* 10ème SA (fœtus de 8 semaines) : la plupart des organes sont présents (dans une forme "primaire"), mais bien sûr ces organes ne sont pas développés ni fonctionnels.

* 12ème SA (fœtus de 10 semaines) : le système nerveux continue son développement, les neurones commencent à se connecter en réseau.


7) Même si des ébauches d'organes et de système nerveux existent chez un fœtus de 12 semaines (limite maximale pour avorter légalement, sauf dans le cas des avortements pour raisons médicales, là ça varie), elles sont très nettement insuffisantes :
- pour transmettre une information douloureuse,
- et pour que cette information soit interprétée comme telle par le cerveau.

Autrement dit : un fœtus de 12 semaines ne "ressent" pas encore la douleur.


8) Même les études scientifiques les plus "sévères" sur la notion de douleur chez les fœtus montrent que ces derniers ne peuvent pas ressentir de douleurs avant la 26ème SA : donc bien longtemps après la limite légale d'avortement en France (14 SA).

Alors oui : les fœtus peuvent ressentir des douleurs ; MAIS PAS à n'importe quel stade de leur développement :
* durant le premier trimestre de grossesse : non.
* durant le 2ème trimestre de grossesse : non (pas avant la 26ème SA, soit environ 6 mois).
* durant le 3ème trimestre : oui (cf. points 10 et 12).


9) La question de la douleur des fœtus lors de l'avortement (dans la limite des délais légaux en France, en tout cas) ne se pose donc plus : non, ils n'ont pas mal lors d'un avortement puisqu'on avorte jusqu'à 14 SA maximum alors qu'ils ne peuvent pas ressentir de douleur avant au moins 26 SA.


10) L'évaluation de la douleur fœtale se fait sur deux plans : un plan strictement biologique et neurologique (développement du système nerveux et du cerveau), et un plan psychique / cognitif (développement du cortex, conscience du message douloureux).
Autrement dit :  
"élaborer physiologiquement une stimulation nociceptive et percevoir cette stimulation nociceptive comme douloureuse ne sont pas la même chose." (études de Mellor et al., 2007).

11) L'évaluation de la douleur des fœtus n'est pas seulement importante pour le droit à l'avortement et la définition de délais limités pour le pratiquer.

C'est aussi important pour la prise en charge médicale des fœtus (car tous ne sont pas avortés, rappelons-le ^^) : certains doivent être opérés in-utéro, d'autres naissent prématurément etc... il est donc important de savoir le plus précisément possible si oui ou non les fœtus éprouvent des douleurs, comment ils les ressentent, à partir de quand, et comment y remédier (anesthésier un fœtus ou un grand prématuré, ou détecter et traiter leurs douleurs, c'est loin d'être simple). 

D'autre part, la douleur n'est plus seulement une question éthique : il est démontré qu'une douleur intense et / ou continue a des impacts sur la santé (cicatrisation moins rapide, réponse immunitaire affaiblie etc).

Bref, les médecins n'en ont pas "rien à foutre" de la douleur des fœtus ou des bébés, contrairement à ce qu'on entend dire parfois ; et les chercheurs et les équipes soignantes travaillent à mieux la prévenir, la détecter et la traiter.


12) Voici une synthèse des différentes études récentes sur la douleur chez le fœtus, synthèse ô combien utile car toutes ces études s'accordent à dire que le fœtus souffre... et ne souffre pas.
En fait, tout dépend :
* du stade de développement du fœtus ;
* de ce qu'on entend par "douleur" (recevoir un message douloureux ? ou savoir l'interpréter comme tel ?).

Cette synthèse, réalisée par le Pr Ricardo Carbajal, la voici : http://la-bonne-fee.blogspot.com/2013/03/avortement-chirurgie-foetus-prematures-douleur.html
C'est une revue des différentes études sur le sujet, et elle permet d'affirmer avec certitude qu'un fœtus de 12 semaines ne souffre pas.

(Note : la revue d'études du Pr Ricardo Carbajal n'étant plus en accès libre sur le site des JTA (Journées de Techniques Avancées en gynécologie-obstétrique), je l'ai retrouvée sur un forum d'étudiants en médecine, et recopiée sur mon blog ; en espérant que le droit à l'information l'emportera sur le droit d'auteur - huhu)


Vous voilà informés, les fœtus ne souffrent pas lors d'un avortement pratiqué dans les délais légaux en France.


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« Une société, pas plus qu'une femme, ne peut demeurer indéfiniment enceinte : il faut qu'elle accouche ou qu'elle avorte. »
René Lévesque


Cynisme, Ironie, Humour noir et Sarcasme...

Cynisme, ironie, humour noir, sarcasmes... j'adore ça. Mais à propos... qu'est-ce donc que tout ça ?


L'humour noir
On attribue généralement à André Breton l’origine moderne de l’expression, avec son Anthologie de l'humour noir.

L'humour noir est une forme d'humour qui souligne avec cruauté, amertume et parfois désespoir l’absurdité du monde, face à laquelle il constitue une forme de défense.
Il consiste notamment à évoquer avec détachement, voire avec amusement, les choses les plus horribles ou les plus contraires à la morale en usage. Il établit un contraste entre le caractère bouleversant ou tragique de ce dont on parle et la façon dont on en parle.

Ce contraste interpelle le lecteur ou l’auditeur et a vocation de susciter une interrogation. C’est en quoi l’humour noir, qui fait rire ou sourire des choses les plus sérieuses, est potentiellement une arme de subversion.

Empreint de fatalisme, pathétique par certains côtés, cet humour est forcément une source de gêne.
Certains présentent d’ailleurs cette gêne comme un de ses ressorts, dans la mesure où le rire qu’il provoque doit gêner, voire donner honte, faire hésiter celui qui en rit entre sa réaction naturelle, le rire, et sa réaction réfléchie, l’horreur ou le dégoût.
Suivant les cultures il évolue entre désespoir et raillerie et sera plus ou moins accepté en fonction de la force des tabous qu’il titille.

L’humour noir n’a pas de tabou. C’est même par définition son terrain de prédilection.
Il ne faut cependant pas confondre humour noir et moquerie : l’humour, même noir, reste un trait d’esprit. Il préfère rire des choses pour n’avoir pas à en pleurer.
« Le rire est la politesse du désespoir. Si le rire sacrilège et blasphématoire que les bigots de toutes les chapelles taxent de vulgarité et de mauvais goût, si ce rire-là peut parfois désacraliser la bêtise, exorciser les chagrins véritables et fustiger les angoisses mortelles, alors oui on peut rire de tout, on doit rire de tout : de la guerre, de la misère et de la mort ! D’ailleurs est-ce qu’elle se gêne la mort, elle, pour se rire de nous ?  »
— Pierre Desproges, dans Le Tribunal des Flagrants Délires (28 septembre 1982)

Autres exemples :
« Juliette, tu es en vie ! s'écria un Roméo honteux, en remontant son caleçon. »
— micronouvelle d'Alferdo Alamo
« Tu aimes bien ta mère ? Alors reprends un bout. »
— Pierre Doris
« Vaut mieux coucher dans une vieille maison que dormir entre deux neuves. »
La Madeleine, Marcel Proust
« La hausse du pétrole entraîne des inquiétudes chez les handicapés moteurs. »
— Coluche
« Qui a coulé le Titanic ? Iceberg, encore un juif. »
Aphorismes, Serge Gainsbourg
« Un professeur de langues mortes s'est suicidé pour parler les langues qu'il connaissait. »
— L. Langanesi


Les Sarcasmes - Être sarcastique
Sarcastique : adjectif. Qui manifeste une ironie méchante, acerbe.

Le sarcasme (du grec ancien sarkasmos) désigne une moquerie ironique, une remarque tournant en dérision une personne ou une situation. Le sarcasme est mordant, souvent même amer et blessant.
Il peut être considéré comme une forme d'ironie piquante ou belliqueuse.

Le sarcasme reprend souvent des paroles qui viennent d'être prononcées pour en retourner la signification.
À l'oral, une intonation ou une mimique aide généralement à reconnaître cette sorte d'humour.
À l'écrit, il est plus difficile à déceler et est facilement mal interprété.

Tandis que le cynisme relève d'une bravade contre les valeurs, les convenances et les principes de la société, le sarcasme est plutôt une réaction à une situation plus piquante et amère. Il se rapproche de l'humour noir, mais est plus acerbe là où l'humour noir cherche plutôt à faire rire.
Le sarcasme n'est d'ailleurs pas toujours considéré comme une forme d'humour.
(mais les gens qui disent ça n'ont - le plus souvent - aucun humour ^^)

Les phrases suivantes (en italiques et en gras), dites d'une certaine manière et dans un certain contexte, sont sarcastiques :

— Ce restaurant est-il aussi spécial qu'il l'annonce ?
Ça pour être spécial, il est spécial...

— T'as pas vu le sel ?
Et ça, c'est un moteur d'avion ?

Autre exemple : Bigard, dans l'un de ses premiers sketch à succès "Les expressions" utilise à foison les remarques sarcastiques.


L'ironie
(du latin ironia, du grec eirôneia, action d'interroger)
- Manière de railler, de se moquer en ne donnant pas aux mots leur valeur réelle ou complète, ou en faisant entendre le contraire de ce que l'on dit.
- Opposition, contraste entre une réalité cruelle, décevante et ce qui pouvait être attendu.

L'ironie désigne un décalage entre le discours et la réalité, entre deux réalités ou plus généralement entre deux perspectives, qui produit de l'incongruité, de l'absurdité.
L'ironie recouvre un ensemble de phénomènes distincts dont les principaux sont l'ironie verbale et l'ironie situationnelle. Quand elle est intentionnelle ^^  l'ironie peut servir diverses fonctions sociales et littéraires.

L’ironie verbale est une forme de langage non-littéral, c'est-à-dire un énoncé dans lequel ce qui est dit diffère de ce qui est signifié. L'ironie peut-être produite de différentes manières, et certaines de ces manières correspondant à des figures de style classiques :

  • L'antiphrase ironique. La plus fréquente des formes d'ironie, elle consiste à dire l'inverse de ce que l'on souhaite signifier tout en laissant entendre ce que l'on pense vraiment :
« Quelle belle journée ! » pour signifier qu'il pleut des cordes.
« - Jules, tu m'aimes ? - Non, je te déteste ... » répond Jules pour dire à sa chérie qu'il est fou d'elle.

  • L'hyperbole ironique qui consiste à exagérer ses propos :
« Je suis carrément mort de rire… » venant de quelqu'un à qui on a fait une plaisanterie douteuse.

  • La litote ironique qui consiste au contraire à minimiser ses propos :
« Il n’est pas complètement stupide » à quelqu’un qui vient de résoudre un problème compliqué.

D'autres figures de style sont connues pour induire de l'ironie : la juxtaposition, la digression, la circonlocution... Mais des énoncés peuvent être ironiques sans pour autant être des figures de style reconnues.


Le Cynisme
(du latin cynismus, du grec kunismos)
Mépris effronté des convenances et de l'opinion qui pousse à exprimer sans ménagements des principes contraires à la morale, à la norme sociale.

D'où ça vient ?
Le cynisme était une attitude face à la vie provenant d'une école philosophique de la Grèce Antique, fondée par Antisthène, et connue principalement pour les propos et les actions spectaculaires de son disciple le plus célèbre, Diogène de Sinope.

Le terme « cynisme » provient du grec ancien kuôn, qui signifie « chien ». Le Cynosarge (littéralement « chien agile ») était le nom du gymnase dans lequel Antisthène enseignait. Les métaphores autour du chien ont ensuite abondé, si bien qu'il est difficile d'en isoler l'exacte origine historique. La plus significative est celle présentant l'animal comme modèle.
Ainsi, le modèle du cynisme est l'animal. La société est perçue comme corruptrice et changeante, là où la nature est vertueuse et universelle. Diogène se revendique ainsi cosmopolitain, c'est-à-dire "citoyen du monde".
Platon définissait Diogène de Sinope comme "un Socrate devenu fou", dont le but est de subvertir tout conformisme, tout modèle moral. Sa philosophie se traduit par des actes volontairement provocateurs : il aurait transgressé les fondements mêmes de la "culture humaine" au point d'uriner et aboyer comme un chien ou de se masturber en public ; il n'hésitait pas à mendier, ne respectant aucune opinion admise et provoquant même les puissants.
Le mouvement cynique, inscrit dans la société antique, se présente avant tout comme un modèle de contestation.

Le héros et modèle des philosophes cyniques est Héraclès (Hercule en romain), car c'est un héros qui ne se laisse influencer par personne, est libre et n'a pas d'attachement particulier. Le cynisme utilise ainsi beaucoup d'images et de modèles, dans le but de toucher toutes les classes de la population, sans se focaliser sur les élites intellectuelles.

Les armes du cynique sont la transgression, l'ironie et le quotidien de façon plus général. En transgressant tous les interdits, le cynique veut démontrer qu'aucune des règles sociales n'est essentielle, et que seule compte l'éthique naturelle, universelle : la vertu.

L'école cynique prône donc la vertu et la sagesse, qualités qu'on ne peut atteindre que par la liberté.
Cette liberté, étape nécessaire à un état vertueux et non finalité en soi, se veut radicale face aux conventions communément admises, dans un souci constant de se rapprocher de la Nature.

Cette école philosophique a tenté un renversement des valeurs dominantes du moment, enseignant la désinvolture et l'humilité aux grands et aux puissants de la Grèce antique. Radicalement matérialistes et anticonformistes, les Cyniques, et à leur tête Diogène, proposaient une autre pratique de la philosophie et de la vie en général, subversive et jubilatoire.

Par une dérivation du terme, on parle de nos jours de cynisme pour désigner un mode de pensée qui diffère tellement des normes établies (en particulier dans le domaine de la morale) qu'il en deviendrait choquant.
On peut attacher à ce cynisme une sorte d'humour noir, mordant et ironique, souvent employé pour manifester une certaine rébellion face à un monde incompréhensible en raison de la multiplicité des conventions factices, socialement admises, qui le régissent.
Au-delà de cette indifférence affichée à la morale et aux convenances, le « cynique » moderne n'a plus grand-chose à voir avec les philosophes antiques.
 

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"L'humour est enfant de nos haines."
Jacques Prévert

"L'humour est un phénomène produit par une précipitation soudaine de la culture dans la barbarie."
Wyndham Lewis, extrait de Blasting and bombardiering


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Sources :